Marché Esquilin, 11ème heure du jour Sylla remontait en direction du Forum. Marius et Sulpicius descendaient vers la Porte Esquiline. Les deux armées se retrouvèrent face à face près de la place du marché. En voyant ses ennemis, Sylla dit à ses troupes de s'emparer de la place. Dans le même temps, Marius donna le même ordre à Laetorius et il envoya ses hommes les plus lourdement armés au contact des légions de Sylla sous les ordres d'Albinovanus. Sans même attendre l'ordre de leur général, l'avant-garde de la légion romaine se rua sur les troupes marianistes. Malgré son désir immédiat de saisir son glaive pour aller trancher la gorge de Marius, l'imperator voulait avant toute chose prendre le contrôle de la Ville; il prit le temps de donner les ordres à ses troupes et de les déployer au son des trompettes. La bataille de Rome pouvait commencer. La première charge fut terrible et dégénéra rapidement au corps à corps. Malgré leur discipline, les premiers rangs de l'armée syllanienne peinaient à enfoncer les lignes ennemies. Marcus Laetorius se battait avec une ardeur renouvelée. Il rêvait d'aller lui-même trancher la tête au Premier consul. Albinovanus, avec sa science militaire et le petit entrainement qu'il avait donné à l'Anti-Sénat, réussit à conserver ses troupes bien compactes et même à avancer et à repousser l'armée romaine. Pendant ce temps, Sulpicius commanda à sa poignée d'archers de viser Sylla. Surpris, l'imperator se vit contraint d'aller s'abriter. En voyant cela, Marius jubila intérieurement: "Je le savais!! Je suis toujours le meilleur général de Rome!! Même à 1 contre 10, je peux tenir la Ville face à six légions!!!" CM (à ses troupes): Nous sommes les plus forts!! Repoussez-les!!! La Ville nous appartient!!! En entendant ces encouragements, les marianistes redoublèrent d'ardeur et accentuèrent leur pression sur la légion syllanienne. Repoussé sous une arcade, Sylla descendit de son cheval. Une des flèches de Sulpicius était passée dangereusement près de son épaule, mais il n'avait pas été touché. Pour l'imperator se fut un signe. Les dieux étaient de son côté, pas de celui de Marius. Il s'avança et jaugea rapidement la situation. Sur toute la largeur du marché et de la rue, sa légion reculait. Il entendit alors Marius crier: "Sulla!!! Ton armée vaut moins qu'un quart de sesterce! Viens donc m'affronter si tu l'oses!" Et le vieux général se mit à rire. Sans réfléchir, Sylla dégaina son glaive, attrapa un aigle d'argent et s'avança sans protection au milieu des combattants en direction de Marius. Arrivé en première ligne, à la merci de ses ennemis, il chercha à planter l'enseigne de sa légion en terre et se mit à hurler aussi fort qu'il le pouvait: "ROMA INVICTA!!!" En l'entendant, tous ses légionnaires se figèrent. Les plus proches de lui se ruèrent pour le protéger, les autres comprirent instantanément le message: les légions de Rome sont invincibles. Pas question de reculer face à une vulgaire bande de voyous! Les syllaniens se reprirent et s'appliquèrent plus durement au combat. En entendant Sylla crier, le sang de Sulpicius se figea. Laetorius se rua dans sa direction. Albinovinus poussa ses soldats à la charge, quant à Gaius Marius, une rage totale le submergea. Il s'élança vers Sylla, indifférent à tout ce qui se passait autour de lui, et il hurla à ses troupes: "Tuez Sulla!!!" Sylla était occupé à combattre contre deux chevaliers marianistes. Ses prétoriens vinrent lui prêter main forte. Autour d'eux, le sol commença à se couvrir de sang. L'imperator cria: "Faites avancer la cinquième et sixième cohortes!" Peu à peu, le roulement des troupes s'organisa. Les marianistes eux, n'avaient aucune réserve. Laetorius arriva à la hauteur de Sylla. Il chercha à l'affronter. "Sulla!" L'imperator se retourna. En reconnaissant Laetorius, un sourire se dessina sur le coin de ses lèvres. LS: Voyons si tu te débrouilles aussi bien avec un glaive qu'avec un couteau! Le chevalier se rua sur lui. Sylla para son attaque avec son glaive, le repoussa et contre-attaqua. Laetorius avait du mal à répliquer car Sylla était très bien entraîné. ML: Cette fois, je vais te tuer et je promènerais ton cadavre dans tout Rome! LS (tenant enfin sa vengeance): J'annihilerai toute ta famille jusqu'à la dixième génération! Laetorius lança toutes ses forces dans la bataille, mais Sylla avait toujours le dessus. L'imperator finit par blesser le chevalier à la cuisse. Il allait l'achever lorsque les hommes de Marius se ruèrent sur lui. Laetorius profita de cette diversion pour s'échapper. Pendant ce temps, l'armée syllanienne s'était assurée la place du marché et commençait à repousser les marianistes dans le clivus suburanus. Les prétoriens qui étaient aux côtés de Sylla se relayèrent pour protéger leur imperator. Marius avait envoyé ses meilleurs hommes contre eux. Le vieux général combattait lui-même contre un légionnaire romain. Marius se sentit tout à coup dépassé. "J'ai combattu contre des Ibères, des Gaulois, des Germains, des Numides, même des Alliés, mais jamais je n'aurais cru que j'aurais à combattre un jour contre une armée romaine! Sulla je te hais!" Malgré son fort embonpoint et ses rhumatismes, le vieux général était toujours capable de se battre. Il acheva son adversaire en lui plantant son glaive dans les côtes. Il regarda le légionnaire s'effondrer à ses pieds en ayant l'impression d'avoir commis un fratricide. Il recula d'horreur avant de se ressaisir. Il n'était qu'à quelques pas de Sylla. Oubliant tout le reste, il fonça droit sur son adversaire. Sylla aidait ses prétoriens à se débarrasser de l'Anti-Sénat avec une joie non dissimulée. "Nous les tuerons tous! Un par un! Pas un seul n'en réchappera! Je vais totalement annihiler ton assemblée latine Sulpicius", pensa le consul. "Sulla!" L'imperator se tourna et vit arriver Marius. "Enfin!" pensèrent-ils tous deux. Marius s'élança le premier. Un prétorien lui barra le chemin. Affrontement entre Marius et Sylla LS: Non, laissez-le-moi! Les prétoriens reculèrent et laissèrent les deux généraux s'affronter. De loin, Sulpicius essaya de suivre le combat. De son côté, Albinovanus cherchait à faire reculer ses troupes en bon ordre. CM (fou de rage): Roma invicta, Sulla? Marius cherchait à blesser son adversaire, mais Sylla était plus rapide que lui et anticipait tous ses mouvements. LS (les yeux brillant d'une joie contenue): Voyons Marius, nous savons tous deux que les légions de Rome sont invincibles. Tu n'as aucune chance de me vaincre. Rends-toi consul. CM: Jamais! Tu seras obligé de me tuer! Le vieux général repartit à la charge. Sylla parait ses attaques d'une seule main. LS: Pour faire de toi un martyr de la République? Ne compte pas sur moi pour te faire cet honneur. Marius suait à grosses gouttes et avait beaucoup de mal à souffler. Seule sa violente jalousie contre Sylla lui donnait désormais la force de combattre. Pour la première fois dans sa très longue carrière de soldat, le vieux général sentit que sa vie allait bientôt lui échapper. Il en éprouva une indicible terreur. Il redoubla d'ardeur et assena les coups les plus violents qu'il pouvait à son adversaire. A cause de la lourde masse de Marius, le Premier consul devait désormais parer les coups à deux mains et fléchir ses genoux. Le vieux général cru à cet instant qu'il avait une chance de l'emporter. Il recula et prit son élan. Sylla en profita pour passer vraiment à l'attaque. En trois coups, il désarma son adversaire. Le glaive de Marius vola. Le sextuple consul ouvrit grand ses yeux de surprise. En deux secondes, le glaive de Sylla se retrouva pointé sur sa gorge. Les deux hommes s'entreregardèrent pendant un long moment sans bouger. Marius parla le premier: CM (s'avançant vers le glaive): Vas-y, achèves-moi imperator! Sylla était tendu à l'extrême. Jamais il n'avait autant souhaité la mort de quelqu'un. Il repensa à ses officiers Claudius et Livius, à sa maitresse Lysandrilla et à son fidèle Manius. Il imagina le sang chaud couler de la gorge de Marius et son lourd corps s'affaisser à genoux devant lui. "Pour l'amour de la République Sulla, ne t'abaisse pas à tuer Marius de tes propres mains!" Les paroles de Caesar Strabo résonnaient douloureusement dans son crâne. "Aux enfers les préceptes républicains, achève-le!" pensa-t-il. Lentement, très lentement, alors que les combats faisaient toujours rage autour d'eux, Sylla abaissa son glaive. Dans un souffle, il finit par dire: LS: Je n'achève pas les vieillards infirmes… Pour Marius, cette sentence de Sylla équivalait à être poignardé à mort. Son adversaire ne le considérait même pas comme un soldat digne de combattre contre lui. Le vieux général était prêt à s'effondrer en larmes lorsque le Premier consul ajouta d'abord à l'adresse de ses légionnaires: LS: Laissez-le partir! Les prétoriens s'écartèrent sans un mot. Pour eux, Marius évoluait désormais dans le monde des morts-vivants. Sylla s'adressa ensuite à Marius: LS: Quand je suis venu me réfugier chez toi, tu as épargné ma vie. Ce soir, je fais pareil en épargnant la tienne. Nous sommes donc quittes. Mais à partir de maintenant, si jamais je te retrouve sur mon chemin, je t'achève sans aucune pitié! Marius commença à reculer lentement vers ses rangs, connaissant trop bien le caractère versatile de Sylla pour se croire aussi facilement tiré d'affaire. En le regardant s'éloigner, l'imperator finit ainsi par lui dire: LS: Marius, je te laisse ta vie mais considères-toi comme un homme mort! Le vieux général finit par sourire et se retourna vers son adversaire. CM: Sulla, entre toi et moi, ça à toujours été une lutte à mort! Et je peux t'assurer qu'elle se poursuivra bien au-delà de nos tombeaux! Entre les dents, Sylla finit par murmurer: "Tu n'auras pas de tombeau Marius…" Le vieux général finit par se retrouver bien à l'abri derrière ses troupes. Sulpicius et Albinovanus furent à la fois surpris et soulagés de le retrouver en vie. A: Nos rangs commencent à céder. Il faut se replier! Sulpicius cria à son Anti-Sénat: "Tous au Forum!" Sylla regarda Marius se replier avec ses troupes, avec un goût amer dans la bouche. "Est-ce que Rome valait de laisser Marius en vie?", pensa-t-il avant de se ressaisir. A ce moment-là, un de ses légionnaires vint l'avertir que Mummius était entré par la Porte Viminalis. LS: Bien. Va lui transmettre l'ordre de prendre l'Anti-Sénat à revers par la Subura! (A ses prétoriens): Qu'est-ce que vous regardez? Prenez les chefs en vie et allez me tuer tout le reste! Le mouvement des légions Les prétoriens et le reste des troupes s'exécutèrent promptement. Les légionnaires avaient désormais le champ libre dans le clivus suburanus. Les troupes de Marius se replièrent dans la Subura. Le vieux général vit arriver en courant ses deux beaux-fils et leurs hommes. QG: Pompeius a pris la Porte Colline! Il arrive au pas de charge par le vicus longus avec toute sa légion! A la nouvelle, les yeux de Sulpicius s'emplirent de terreur. Pompeius venait pour le tuer, il le savait. Il vit les habitants juchés sur les toits de leurs insulae. S (en hurlant): Quirites! Sulla attaque votre cité! Il vient égorger des citoyens jusque devant vos portes! Descendez de vos toits et venez nous aider à défendre la Ville! En l'entendant, la population descendit des toits. Sulpicius espéra bientôt les voir sortir des immeubles. Mais il du déchanter. Rapidement, les portes et les volets se fermèrent. Les rez-de-chaussée se barricadèrent. En voyant cela, Marius voulu tenter une dernière manœuvre pour ameuter les troupes. "Il faut que nous soyons plus nombreux pour résister à six légions", pensa-t-il. CM: Marcus, passes-moi un bonnet phrygien! Son neveu s'exécuta. Le vieux général ôta son casque et se coiffa du bonnet, symbole des affranchis. CM: Ecoutez-moi tous, vous qui êtes esclaves et qui soupirez après la liberté. J'affranchirais tous ceux qui viendront combattre à mes côtés! (Après un instant il ajouta:) Vous ne le regretterez pas! Je suis le grand Gaius Marius, celui qui a vaincu les Cimbres et les Teutons! Ceux qui combattent pour moi ont toujours été bien récompensés! Une porte s'ouvrit timidement, puis une autre. Mais ce fut tout. Seuls… trois esclaves vinrent le rejoindre. En désespoir de cause, Marius renfila son casque et cria: "Tous au Forum!" En débarquant sur la grand' place de Rome, les troupes marianistes furent prises de vertige. Tout cet espace à découvert était autant de champ de bataille où Sylla pourrait aisément déployer ses légions. S'ils restaient là, les troupes marianistes allaient rapidement être prises en tenaille et elles n'auraient aucune chance d'en réchapper. De l'Est, un petit groupe de troupes arriva à leur rencontre. Marius reconnu son fils. Il fut soulagé de le retrouver entier. Marius le Jeune: Père, Lucullus a pris la Porte Caelimontana! Nous n'avons rien pu faire pour nous opposer à lui. Le vieux général jaugea rapidement la situation. En restant sur le Forum, ils étaient condamnés à mort. Il leur fallait trouver un lieu étroit et bien protégé pour continuer à combattre. Son regard se porta sur le Capitole. "Oui! Là nous avons une chance!" Marius contempla ce qui restait de ses troupes. Ils étaient à peine 2 000. "En élevant des barricades, nous pouvons tenir toute la nuit…" CM: Ecoutez-moi! Nous allons aller sur le Capitole! Nous nous battrons plus facilement dans les rues étroites… Marius n'eut pas le temps d'expliquer sa stratégie. L'armée de Sylla arrivait. Capitole, 12ème heure du jour Sylla s'était arrêté un moment sur le Forum. Il voulait que ses cinq légions fassent leur jonction ici. Le Premier consul éprouva un immense plaisir à retrouver la Curie enfin sous son contrôle. A ses côtés, l'humeur guerrière de Pompeius Rufus s'était voilée. Son collègue avait le regard tourné vers les marches du Temple de Castor et Pollux, là où son fils avait perdu la vie. LS: Tant que tu voudras Pompeius, mais pas maintenant. J'ai vu Sulpicius. (Pompeius tourna la tête) Il est au côté de Marius. Ils sont en train de se réfugier sur le Capitole. Avec de la chance, Sulpicius ira lui-même se jeter tout seul du haut de la Roche tarpéienne… PR: Ah, non! Pas question qu'il se suicide! Je le veux vivant! Pompeius Rufus rassembla ses troupes et ordonna l'assaut du Capitole. Sylla acquiesça. Pas question de laisser Marius une nouvelle fois s'échapper… Sur la via sacra montant vers le Capitole, le combat faisait rage. Albinovanus essayait de maintenir l'unité de ses troupes. Mais celles-ci étaient moins lourdement armées que celles qui avaient combattu sur l'Esquilin. Brutus et Servilius entrainaient leurs hommes sur les côtés, essayant au maximum de resserrer les rangs. Vers le sommet, moins de 10 hommes pouvaient tenir sur la même ligne. Il fallait garder les positions le plus longtemps possible. Sulpicius donnaient toujours des ordres à ses archers depuis le sommet des remparts. L'ordre était de viser Pompeius Rufus sans s'occuper du reste. Marius tentait avec son fils et l'Anti-Sénat de construire des barricades devant le Temple de la Terre, celui qui lui paraissait le plus facile à défendre. Sylla laissa le Forum sous la surveillance de Lucullus et de Mummius. Avec sa légion, il ordonna de donner l'assaut au Capitole. "Finissons-en vite avant la tombée de la nuit", dit-il à ses troupes. Sylla se fraya un chemin vers son collègue et les premiers rangs. On ne pouvait attaquer le Capitole que par la Voie Sacrée. Les autres accès étaient beaucoup trop pentus et Sylla ne voulait pas mettre le lieu en état de siège, ni obliger ses soldats à se transformer en chèvres et donner l'assaut par les falaises abruptes. L'imperator prit la direction des opérations. LS: Tous à vos boucliers!! Repoussez-les jusqu'au sommet! Les légionnaires se mirent tant bien que mal en position et accentuèrent la pression sur les troupes marianistes. Moins bien équipées, celles-ci commençaient à se battre avec l'énergie du désespoir. Brutus et Albinovinus se retirèrent avec leurs meilleures troupes vers le Temple de la Terre. Imperceptiblement, les soldats syllaniens firent reculer les marianistes. Dix pas, puis vingt, puis cinquante. Servilius Caepio essayait en vain de laisser à Marius le temps de se barricader. Sulpicius se trouva bientôt à cours de flèches. Il se replia vers Marius. S: Pompeius et Sulla arrivent! Marius pesta. La légion de Sylla était trop rapide. Il n'avait pas le temps de monter des défenses solides. Il s'approcha des remparts et ce qu'il vit lui glaça le sang. La Voie sacrée était jonchée de cadavres et le sang commençait à s'écouler en pente le long des pavés. "Jupiter, pourquoi exiges-tu un tel carnage?!" Marius se sentit trahi par le Grand dieu. Il alla retrouver son état-major et fini par lâcher du bout des lèvres: CM: On abandonne la place! (A l'adresse de ses vétérans les plus fidèles): Vous, tenez le plus longtemps possible pour que nous puissions organiser notre retraite. S (paniqué): Par où, Marius? CM: Sulla tient la Voie sacrée, il va falloir nous retirer par la citadelle de l'Arx en longeant les remparts. Toutes les issues ne sont pas encore condamnées… Se fut la retraite la plus rapide à laquelle Marius eut jamais participé. Avec son embonpoint, il était bon dernier mais sa famille restait soudée autour de lui. Il se retourna pour entendre les trompettes sonner la victoire et voir l'enseigne de la légion de Sylla flotter en haut du Capitole. Rome changeait d'âme… Son fils le pressa: Marius le Jeune: Père, si nous attendons trop, Sulla va nous tomber dessus. CM: Abandonnez tout votre équipement militaire. Nous allons retourner dans la Ville. Je connais quelques endroits sûrs où nous pourrons nous cacher sans être découverts. Pendant ce temps, Sulpicius et les autres courraient à perdre haleine et réussir à sortir de la citadelle. Des remparts, ils avaient vu la cavalerie syllaniennes tenir les portes. A la faveur de la nuit, ils auraient peut-être une chance de pouvoir quitter la Ville. A peine une quarantaine de marianistes réussirent à s'extirper du Capitole. De la Via Sacra, Sylla et Pompeius accentuaient toujours la pression. LS: Tuez-moi l'Anti-Sénat!!! Les chevaliers et les vétérans marianistes opposèrent une résistance farouche, mais ils furent repoussés jusque devant le Temple de Jupiter. Sylla en profita pour faire manœuvrer ses cohortes et encercler l'ennemi. L'Anti-Sénat compris que les consuls ne feraient pas de prisonniers. Une lutte à mort s'engagea, qui dégénéra rapidement en un véritable carnage. Sylla et Pompeius combattirent au premier rang. Le second consul cherchait partout Sulpicius, l'imperator se demandait où Marius avaient bien pu se terrer. Au coucher du soleil, la bataille était finie. Plus d'un millier de cadavres jonchaient la Voie Sacrée, un millier d'autre la grande place du Temple. La place du Capitole LS: Faites sonner la victoire! Que cela s'entende dans tout Rome! Ses lieutenants allèrent arborer les couleurs de leur légion au sommet des remparts. Les légionnaires fêtèrent leur victoire avec des signes et des cris d'allégresse. De son côté, Pompeius Rufus arpenta la citadelle de long en large à la recherche de Sulpicius avant de revenir vers Sylla. PR: "Il" n'est pas là! LS: Non, Marius non plus. Mais ne t'inquiètes pas, ils n'iront pas loin. Nous avons 30 000 soldats que nous allons envoyer à leur recherche. Ce sont des hommes morts Pompeius! PR (buté): Je veux qu'on me ramène Sulpicius vivant! LS (un grand sourire aux lèvres): Quintus, nous avons gagné! Nous avons repris le contrôle de Rome et massacré l'Anti-Sénat! C'est une grande victoire pour la République! Pompeius Rufus, à bout de nerf et de fatigue, tomba à genoux et s'effondra en larmes. PR: Tout cela ne me rendra pas mon fils Lucius. LS (compatissant): Non, Quintus. Cela ne nous rendra pas ceux qui sont chers à notre cœur… (Enchainant): Tu sais que j'ai tenu Marius sous mon glaive pendant la bataille? Pompeius redressa la tête, surpris. PR: Et tu ne l'as pas tué?!? LS: Je le voulais tellement Quintus, mais je n'ai pas pu… PR: Pourquoi? LS: Je crois qu'il y a deux personnes en moi Quintus: l'une hait passionnément Marius et tout ce qu'il représente, l'autre… (hésitant à exprimer ce qu'il ressentait au fond de son cœur) l'autre aime Rome plus que tout. Si je tuais Marius, je perdais Rome Quintus. Et ça, je crois que je n'aurais pas pu le supporter. PR: Bienheureux Lucius Sulla! Quelle chance qu'un amour pareil gouverne ta vie! Cela n'empêche pas que je veux la tête de Sulpicius, dit-il en recommençant à pleurer. LS: Et moi celle de Marius! Sylla s'éloigna de son collègue et alla sur les marches du Temple de Jupiter. "Ô Grand dieu, j'espère que tout ce sang versé aura fini par apaiser ton courroux et celui de tous les autres dieux du Capitole", pensa-t-il. Le soleil lançait ses derniers rayons. D'ici, le regard de Sylla embrassait tout Rome. Après la dureté du combat et ces dernières semaines éprouvantes, l'imperator commençait enfin à se détendre. Il contempla sa Ville un long moment. "C'est vrai, je crois bien que j'aime finalement Rome plus que tout". Il l'avait conquise de haute lutte à Marius et à Sulpicius. Et maintenant, il se trouvait au sommet du Capitole. Il réalisa soudainement qu'il était le Premier consul et qu'il gouvernait désormais Rome avec six légions. Son regard se porta vers l'Est. "Mithridate!" Il avait fini par l'oublier celui-là. Mais il était le général qui allait l'affronter. "Un imperator à la tête de la République" comme l'avait dit son ami Caesar Vopiscus… Une lumière éblouissante jaillit soudainement en lui et à son tour, il s'effondra en larmes. La déesse Roma venait de lui rendre son amour au centuple avec la bénédiction de Jupiter. Au milieu du sang et des flammes, il venait de comprendre qu'il était désormais le maître incontesté de tout l'Empire romain… |