Rome, 9ème heure du jour

Gaius Mummius et Lucius Minucius Basilus furent les premiers à manœuvrer. De loin, Marcus Marius fut saisi d'épouvante en voyant s'avancer les légions de Sylla en ordre d'attaque, étendards déployés et trompettes sonnant la charge! Dans Rome, se fut le branle bas de combat général. On s'arma aussi vite qu'on le pouvait et on grimpa le long des murailles pour être prêt à repousser l'assaut. Pierres, tuiles, flèches, tout ce qui était lourd et contendant fut hissé sur les remparts. Sur le Forum, Sulpicius donna immédiatement l'ordre de fermer toutes les portes de la ville, et il rassembla son Anti-Sénat avec Albinovinus. Coelius Caldus prit peur et rentra se terrer chez lui. Publius Cethegus était furieux de la trahison de Sylla. Il s'arma et alla rejoindre Marius pour lui servir de lieutenant, imités par Junius Brutus et Servilius Caepio. Les deux préteurs avaient réussi à ameuter quelques renforts et étaient prêts à tenir les remparts est. Marcus Laetorius était l'un des plus enragés. Il faisait ce qu'il pouvait pour inciter la population à se défendre contre l'insurrection de Sylla. Sur le Forum, le sénateur Rubrius Varron harangua les foules en leur expliquant que les consuls déclaraient la guerre à Rome. Dans les rues, la panique se répandit comme une trainée de poudre. Les habitants crièrent et coururent dans tous les sens pour se mettre à l'abri. Dans les quartiers populaires, les hommes s'armèrent croyant qu'une armée italique fondait par surprise sur la Ville. En apprenant qu'il s'agissait d'une armée romaine dirigée par Sylla, la confusion fut à son comble. Les habitants ne savaient pas s'il fallait se défendre ou rejoindre l'armée régulière. Beaucoup montèrent sur les toits des maisons pour suivre le déroulement des événements. Les plus téméraires se hissèrent sur les remparts et découvrirent avec horreur que quatre légions étaient en train de manœuvrer et de fondre sur les portes nord-est de la Ville.

Gaius Marius était encore chez lui. Il tremblait de rage et de fureur. "Sulla ose attaquer Rome!!!", fulmina-t-il intérieurement. "Cette fois-ci, je vais le tuer!". Le vieux général pesta contre son nouvel uniforme. Avec son fort embonpoint, il avait du mal à l'enfiler et ses esclaves peinait à l'habiller car il ne tenait pas en place. Une fois son casque et ses jambières attachés, il se rua sur son glaive et sortit sans dire un mot de réconfort à sa femme. Depuis que Julia avait appris que Sylla marchait sur Rome, elle s'effondrait en larmes dès que son mari et son fils avaient le dos tourné. Dans ses appartements, elle priait maintenant les dieux pour que sa famille reste en vie. Elle ne croyait pas un seul instant à la victoire possible de son mari…

Marius avait envoyé ses esclaves et ses clients aller chercher des armes et des sénateurs prêts à se battre contre Sylla. A tous, il leur avait donné rendez-vous sur le Forum devant les Rostres. En arrivant, Marius ne vit que Sulpicius et son Anti-Sénat. Il pensa que les préteurs avaient déjà posté les renforts près des remparts. Albinovinus vint le trouver, la mine assez sombre.

Albinovinus: Marius, les sénateurs nous ont fait savoir qu'aucun d'entre eux n'acceptera de combattre l'armée des consuls.

Le vieux général eut l'impression de recevoir une véritable gifle.

CM: Flaccus?

A: Il est chez Sertorius. Tous deux disent que notre meilleure chance est encore de nous enfuir sans combattre…

Le sang de Marius ne fit qu'un tour.

CM: S'enfuir face à cette pleureuse efféminée de Sulla?!? Albinovanus, je suis sûr de pouvoir tenir Rome!

A: Je te crois Marius. Nous pouvons facilement contenir une légion, voire deux dans les rues étroites de la Ville, mais quatre…

CM: Quatre?

A: Sulla fait attaquer l'Urbs par quatre légions aux portes nord-est.

Marius sentit un frisson lui parcourir l'échine. Non de peur, mais d'excitation. "J'ai enfin un vrai adversaire à ma taille! Et il faut que ce soit un putain de patricien romain!! Tu vis tes dernières heures Sulla!!!"

CM: Albinovanus, tu vas armer le plus d'hommes possible. Avec nos clients et nos esclaves, plus l'Anti-Sénat, nous avons déjà 3000 hommes. Ça doit être assez pour tenir quatre quartiers. Apprend-leur les rudiments d'une bataille et comment monter des barricades. Je reviens vite.

A: Mais où vas-tu?

Marius s'était déjà éloigné…

les legions de sylla entourent rome

Porte Colline, Rome, 10ème heure du jour

Pompeius Rufus s'était armé d'un puissant bélier. Malgré un rapide train de bagage, la veille au soir, l'imperator avait demandé à ses troupes de confectionner des béliers résistants afin de pouvoir enfoncer les portes de Rome. Sylla n'avait pas ordonné l'attaque de la Ville au hasard. Les consuls connaissaient assez bien leur cité pour en connaître les points forts et les points faibles. Sylla voulait attaquer par les portes les plus grandes, celles où une armée pourrait manœuvrer le plus facilement. Pompeius avait acquiescé. La Porte nord résistait encore et la légion du consul avait du mal à éviter les projectiles que lui lançaient les hommes des frères Granius depuis les remparts, ainsi que quelques chevaliers italiens. Mais l'ardeur de Pompeius Rufus était implacable. Il se jeta en personne dans la bagarre et aida ses légionnaires en prenant un bout du bélier et en exhortant ses troupes à venger la mort de son fils. Il monta à 10 000 deniers la prime pour la tête de Sulpicius et promit d'offrir 1000 deniers au premier légionnaire qui entrerait dans Rome. Dans son camp, tous les hommes redoublèrent d'effort malgré les pierres qui pleuvaient sur eux.

Porte Viminalis, Rome, 10ème heure du jour

Gaius Mummius avait ordre de se tenir en réserve jusqu'à ce que son général lui ordonne d'enfoncer la porte. Avec sa légion, il devait surveiller les remparts. Il arma les premiers rangs d'arcs et de flèches, prêt à répondre à la moindre provocation. Mais les défenseurs marianistes concentraient surtout leurs efforts sur les portes nord et est, si bien que Mummius fulminait de ne pouvoir se lancer dans l'action.

Porte Esquilina, Rome, 10ème heure du jour

Basilus était motivé comme jamais. Guerrier dans l'âme, il savait qu'il n'aurait jamais plus grand défi à relever que de prendre la plus grande cité du monde. Son général l'avait envoyé en première ligne; il commanda lui-même l'assaut en déployant toute sa légion au son des clairons. Basilus voulait donner un maximum d'élan et d'impact à son bélier. Près d'un millier d'hommes se ruèrent en hurlant contre la solide et haute porte de chêne cloutée. Les marianistes avaient cependant renforcé leur défense principalement sur ce point grâce à Junius Brutus qui réunit un nombre d'hommes suffisants pour bloquer la porte en jetant devant tout ce qu'ils pouvaient trouver: lourdes poudres en bois, pierres, parpaings, pavés. Mais Basilus avait adopté une redoutable stratégie. Après trois charges brutales, il faisait relever ses troupes et un autre millier d'hommes étaient prêts à donner l'assaut avec une ardeur renouvelée. La porte n'allait pas tarder à céder. Cnaeus Servilius décida alors d'organiser la défense depuis les toits…

Porte Caelimontana, Rome, 10ème heure du jour

Lucullus s'approcha au plus près de la muraille avec sa légion. Il trouvait l'idée de Sylla de marcher sur Rome complètement folle, mais maintenant qu'il était au pied de la Ville, il ne saurait plus dire si son général était un stratège génial ou un homme complètement fou à lier. Le questeur tremblait de son audace. Il ordonna à sa légion de s'assurer des remparts avant de commencer l'assaut. Il reconnu le jeune Marius qui donna ordre à ses partisans de le viser avec des flèches et des frondes en hurlant à pleins poumons: "à mort la chienne de Sulla!" Lucullus était un homme aussi froid que Sylla était bouillant. Il se contenta de reculer sous les boucliers de ses légionnaires et, comme s'il se trouvait à disserter philosophie dans son jardin, il manœuvra calmement les trois premiers rangs de sa légion et leur ordonna de viser les hommes sur les remparts avec une redoutable efficacité. Les ordres de son général étaient très clairs: aucun mal ne devait être fait à la population.

Une porte de Rome

Via Flaminia, Rome, 10ème heure du jour

Publius Crassus, avec ses deux fils, commandait à 5000 cavaliers. Il décida de séparer ses troupes en six groupes afin de surveiller les six portes nord-ouest. Sylla et Pompeius, en tant que consuls, avaient voulu prendre toute la responsabilité de l'attaque de Rome sans que le Sénat n'ait à intervenir. Mais en cas de défaite du camp optimates, Sylla lui avait demandé de veiller à l'évacuation de leurs partisans de la Ville avec les Césars, puis de se rendre à Tusculum et de protéger sa famille de la fureur des populares. Crassus avait assuré l'imperator de son dévouement à son parti et à sa famille. En cas de victoire, il avait ordre d'installer le camp de l'armée sur le Champ de Mars. Intérieurement, Crassus pestait de ne pouvoir assister en personne à la victoire des consuls.

Près du Pont Sublicius, Rome, 10ème heure du jour

Lucius et Gaius Caesar s'approchèrent par le sud avec une légion en direction de la Porta Trigemina. Si Marius, Sulpicius et leurs partisans essayaient de s'enfuir par le Tibre, le princeps senatus avait reçu ordre de les faire prisonniers. Vopiscus était nerveux. Il savait que Sylla l'avait éloigné de lui exprès afin de pouvoir en finir "tranquillement" avec Marius. "Sulla est fou de rage, avait-il dit à son frère. Il va mettre Marius à mort sur la place publique! Nous devons empêcher ça pour l'amour de Rome et de notre peuple! Nous ne pouvons infliger à nos concitoyens le spectacle de ses deux meilleurs généraux s'entretuant dans les rues de la Ville!"

Lucius Caesar avait approuvé le grand sens citoyen de son frère en regrettant qu'il n'ait pas réussi à se présenter aux élections consulaires car il aurait réellement fait un excellent consul malgré son jeune âge. Las, les temps ne sont hélas plus à la rhétorique ni aux grands discours patriotiques. C'est désormais le glaive qui a force de loi à Rome, et autant que ce glaive soit tenu par un patricien ami du Sénat. "Sulla est sanguinaire, et alors? Tu préfères voir le vieux Marius aller combattre Mithridate et mener ainsi sûrement nos cinq meilleures légions vers une mort certaine? Tu veux voir le roi du Pont mettre la main sur toute la Méditerranée et ressusciter Carthage? Oui, le sang va couler à Rome! Oui, nous allons mettre à mort un homme qui a été six fois consul, mais c'est ça ou la mort de la République! Qu'est-ce que tu choisis Gaius?"

Vopiscus était donc allé voir Sylla pour le supplier d'en finir au moins dignement avec Marius, par amour pour la République. L'imperator lui avait finalement promis d'offrir à Marius une fin digne de lui. Cette réponse ne rassura aucunement Caesar Strabo qui menaça cette fois de donner le commandement de la guerre contre Mithridate à Pompeius Rufus. Sylla lui répliqua en disant qu'il en profiterait alors pour se faire élire consul une seconde fois de suite avec lui. Tous deux avaient fini par éclater de rire et Sylla avait réussi à le convaincre qu'il fallait absolument en finir avec Marius et Sulpicius quels que soient les moyens employés pour y parvenir. Toutefois, il n'était pas aveuglé par la colère au point de vouloir avoir sur ses mains le sang de Gaius Marius, du moins pas s'il pouvait l'éviter… Les frères Caesar et le Sénat n'avaient donc plus qu'à croire en la parole de Sylla…

Un demi-mille de Rome, 10ème heure du jour

D'une petite hauteur, juché sur son cheval, Sylla observait ses troupes manœuvrer. Il voulait que Basilus s'empare de la porte Esquiline. C'était la plus large. L'imperator voulait faire entrer deux légions et investir tous les quartiers de Rome par la force. Avant la tombée de la nuit, il serait le maître de la Ville et il voulait ardemment qu'on lui livre Marius. Il imagina l'obèse sénateur trainé devant lui. "Ah je ne peux le tuer de mes propres mains, Vopiscus. Soit! Mais je me ferais un grand plaisir de le contraindre au suicide sous mes yeux!" N'y tenant plus, il ordonna à sa légion de rejoindre celle de Basilus toutes enseignes déployées.

Rome intra-muros, 10ème heure du jour

Marius se rendit aussi vite qu'il le pouvait chez son ancien collègue Quintus Lutatius Catulus. Il était décidé à ce que les meilleurs généraux de Rome viennent combattre Sylla ensemble. Le vainqueur des Cimbres accueillit Marius dans son atrium.

QC (jouant les surpris): Marius! Que fais-tu en tenue de combat? Tu vas aller prier Honneur et Vertu dans ton temple en souvenir de tes victoires?

CM: Pas d'ironie Catulus, s'il te plaît! Sulla est en train d'attaquer Rome avec quatre légions!

QC (sombre): Jour très funeste pour la République…

CM: J'ai besoin que tu viennes m'aider à diriger les troupes. Sulla cherche à ouvrir plusieurs fronts. Je ne vais pas arriver à tous les contenir…

QC (neutre): Sulla est un très bon général…

CM (pressé): Quintus, voudrais-tu bien t'occuper de la défense nord de la Ville?

QC (vraiment surpris): Et m'opposer à une armée romaine régulière? Tu n'y penses pas sérieusement Marius!

CM: Sulla attaque son propre peuple et tu penses que je vais rester les bras croisés en le laissant faire?!

QC (très calme): Sulla vient rétablir l'ordre dans la République, ne cherche pas à t'opposer aux consuls Marius…

CM (patriotique): Moi au moins, je défends ma Ville et mon peuple contre ses agresseurs comme je l'ai toujours fait!

QC: Sauf que Sulla n'est pas l'ennemi de Rome.

CM (aigri): Non, c'est le héros de la République, lui! Un héros qui aime tellement sa ville et son peuple qu'il n'hésite pas à mettre la République à feu et à sang!

QC (abattant sa dernière carte diplomatique): Marius, je t'avais prévenu de ce qui allait se passer si tu continuais à convoiter le commandement de la guerre contre Mithridate et à soutenir Sulpicius. Aide au moins à faire cesser ce carnage en livrant Sulpicius aux consuls.

CM (vieille mule obstinée): Jamais! Plutôt mourir les armes à la main en défendant ma cité!

QC (soupirant): Comme tu veux Marius… Marius fit volte-face et changea subitement de ton.

CM (désespéré): Quintus, aucun membre de la noblesse ne veut défendre la Ville face à Sulla…

QC (peiné): Et c'est seulement maintenant que tu t'en aperçois?

De rage, Marius quitta précipitamment la maison de Catulus, "sinon, je crois bien que j'aurais fini par l'étrangler. Maudit soit toute la noblesse de Rome!", pensa-t-il.

Le vieux général se rendit à nouveau sur le Forum, non sans s'arrêter pour répondre à la plèbe qui lui demandait ce qui se passait: "Sulla attaque Rome avec quatre légions! Tous aux armes!!!" Mais le peuple resta planté au milieu des rues, interloqué. Alors c'est vrai? Le grand vainqueur de la Guerre Sociale et Premier consul attaquait la Ville?!? Du vendeur de toge à la taverne du carrefour, tous fermèrent immédiatement leurs échoppes et se barricadèrent chez eux. Tous les habitants étaient terrorisés: la Guerre entrait dans Rome.

Porte Esquiline, 11ème heure du jour

"Raaaaaaaah!" BA-OUM!!! Un long intervalle, puis à nouveau le cri guttural de 1000 légionnaires donnant l'assaut: "Raaaaaaaah!" BA-OUM!!! CRAC! La Porte Esquiline venait de céder. Au prochain assaut, les troupes de Basilus entreraient dans Rome. Brutus fit immédiatement se replier ses hommes le long du Clivus suburanus afin de rejoindre l'Anti-Sénat de Sulpicius. "Raaaaah!" BA-OUM!! CRAA-AC! La porte se fendit en deux. Une poignée de légionnaires entra le glaive à la main. Une centaine d'autres suivirent, puis un millier, Basilus à leur suite. Le lieutenant demanda à une partie des troupes de dégager rapidement l'accès à la rue et d'ouvrir la porte en grand, puis il prit la tête de sa légion. Il n'avait pas fait cent pas dans la rue que des projectiles se mirent à tomber de toute part sur la tête de ses légionnaires. Une véritable pluie de pierres et de tuiles tombèrent sur l'armée romaine avec la même force qu'un orage de gros grêlons. Sur les toits, les habitants de Rome s'en donnaient à cœur joie à défendre leur ville. Abrités sous les boucliers, les hommes de Sylla commencèrent à reculer. L'averse de tuiles s'intensifia. Basilus n'eut d'autre choix que d'ordonner un repli général. Sur les toits, la population lança des hourrahs et commença à danser en signe d'allégresse pour fêter sa victoire.

Porte Colline, 11ème heure du jour

BA-OUM! ... BA-OUM! ... BA-OUM! Les troupes de Pompeius Rufus s'acharnaient en cadence sur la lourde Porte Colline. Pendant ce temps, d'autres hommes essayaient de grimper sur les remparts. Au bout de trois quart d'heure, la Porte commença à se fendiller. Les frères Granius, voyant que la situation allaient tourner à leur désavantage, décidèrent de s'enfuir pour rejoindre leur beau-père. CRA-AAC! La porte Colline finit par céder. Les légionnaires poussèrent un long cri victorieux et se ruèrent tous en même temps sur l'ouverture, Pompeius au milieu d'eux, le regard ivre de colère. Tous se ruèrent dans le Vicus Longus, prêts à fondre sur le Forum.

Porte Esquiline, 11ème heure du jour

Sylla vit tout d'abord la légion de Lucullus s'assurer des remparts de la Porte Caelimontana. Par un signal de drapeau, il enjoignit à son questeur de commencer l'attaque. Quelques centaines de pas plus loin, il vit que la légion de Basilus avait bien pris la Porte Esquiline, mais commençait à reculer. Il se rua alors vers la porte au grand galop suivit par toute sa légion au pas de charge.

"Reculez! Reculez!" hurlait Basilus à ses troupes. Bientôt, ils se retrouvèrent acculés au pied de la muraille. A ce moment, Sylla franchit la Porte sur son cheval et se mit à hurler: "Basilus!!! Une armée romaine ne recule pas!!!" Fou de rage en voyant ses troupes subir une défaite et plus encore la population de Rome s'opposée à lui, l'imperator s'élança tête baissée dans la rue. Des tuiles et des pierres recommencèrent à tomber. Du haut des toits, on commença à s'acharner sur lui. Cela le mit au comble de la fureur. S'abritant derrière son bouclier, il cria à son lieutenant: "Basilus, des torches vite!" Promptement, ses légionnaires s'exécutèrent et des flambeaux apparurent presque immédiatement dans les premiers rangs de l'armée. Sylla cria alors à ses archers: "Mettez le feu aux toits!" Puis il alla s'emparer d'une torche enflammée et se mit à marcher en tête de ses troupes. En faisant cela, il leva la tête et hurla à l'adresse des assaillants postés sur les toits:

LS: Ecoutez-moi bien vous tous! Je ne suis pas venu pour faire la guerre à ma propre ville et à mon propre peuple!!! Mais si un seul d'entre vous continue de s'opposer à moi, je mets le feu à la ville sans hésiter!!! Est-ce bien clair?

Sylla la flamme à la main

La pluie de projectiles s'arrêta instantanément comme par magie et les assaillants se replièrent sous les flèches enflammées qui commençaient à fuser dans leur direction. En voyant la grêle de pierres et de tuiles s'arrêter, Sylla ordonna à ses hommes de cesser le feu. Seuls les toits des maisons les plus proches de la porte Colline commencèrent à brûler.

LS: Basilus, détache-moi des hommes pour éteindre ce feu et prends deux cohortes pour aller ouvrir la porte à Mummius! Le reste des troupes: direction le Forum!

Intérieurement, Sylla brûlait d'un feu dévastateur. "A nous deux Marius!!!"

Près du Forum, 11ème heure du jour

En se rendant sur le Forum, Marius retrouva Sulpicius et Albinovanus à la tête de l'Anti-Sénat et de la troupe de 3000 hommes qu'ils avaient réussi à réunir.

S (entre panique et résignation): Les troupes de Sylla vont bientôt rentrer dans Rome! Ce n'est plus qu'une question de minutes!

CM: Par quelle(s) porte(s)?

Laetorius: A ce que nous disent nos hommes sur les murailles, par la Porte Esquiline et la Porte Colline. Pompeius Rufus dirige la légion de la Porte Colline.

CM: Le couard qui s'est enfuit de Rome plus vite que son ombre? Ce n'est pas lui le principal danger. Sulla va entrer par la Porte Esquiline, c'est lui que nous devons repousser. (Posant un regard sur ses troupes dont même pas la moitié était revêtue d'une armure ou d'un cote de maille): Par Jupiter, c'est tout ce que nous avons comme armée?! Tous sont-ils armés d'un glaive au moins?

Albinovanus: Non Marius. Mais ils ont des gourdins et des pilums, et puis, ils sont très motivés à se battre pour notre cause.

CM (énervé): Où sont donc les chevaliers? Sulpicius, les lois que tu as fait voter sont bien en leur faveur, non? Ne me dit pas que tu as défendu la cause de seulement 600 citoyens?!

Sulpicius se sentit plus vivement blessé par cette remarque qu'il ne pouvait l'être par les six légions de Sylla marchant contre lui.

S: Je me bats pour la cause de tous ceux qui sont opprimés par le Sénat! Et cela représente bien plus que 600 citoyens Marius!

CM (pour une fois lucide): Et où sont-ils donc tes Italiques si désireux de devenir des Romains? C'est maintenant que le sort de la République se joue Publius! Et nous ne sommes qu'une poignée!

Sulpicius ne trouva rien à répondre. Ils n'étaient effectivement qu'une poignée à s'opposer à Sylla alors qu'ils auraient pu être plus de 250 000, en comptant tous les hommes valides de Rome. Sulpicius avait longuement pleuré la nuit dernière sur son rêve perdu d'une Italie et d'un peuple uni face à la noblesse romaine. Mais rien! La plupart soutenait les consuls et le système républicain tel qu'il était. "Tant qu'à mourir…" Avec tout son courage, Sulpicius finit par répondre:

S: Nous avons réussi à mettre le Sénat à genoux Marius, et maintenant, c'est Sulla que nous allons remettre à genoux!!!

Ces paroles donnèrent un coup de fouet à Marius et ses yeux se mirent à briller. Il se tourna vers ses troupes et hurla:

CM: Allons mettre les légions de Sulla à genoux! Tous à la porte Esquiline!!!

Des cris déchaînés lui répondirent et tous chargèrent en direction du clivus suburanus.

...Suite