JULES CESAR
(656-710/-100-44) le plus grand ennemi post-mortem de Sylla, qui s'acharna à détruire autant sa réputation que son parti et son œuvre républicaine. Jules César est le neveu par alliance de Gaius Marius. Marius et Cinna, au début de leurs consulats, le nommèrent Flamine de Jupiter (668/-86). Il devient le mari de Cornelia Cinna, la fille de Lucius Cornelius Cinna. Après la défaite des populares, Sylla annula toutes les décisions prises par Marius, Cinna et Carbo. Ainsi, César perdit son flaminat, pour lequel d'ailleurs, il n'était jamais entré en fonction. Sylla, qui regardait César d'un mauvais œil, prévient à plusieurs reprises Pompée et ses partisans à se méfier de lui. César refusa de plaire à Sylla en ne divorçant pas de sa femme. En représailles, Sylla confisqua la dot de Cornelia Cinna. Peu de temps plus tard, César se présenta à l'élection du Flamine de Jupiter, qu'il espérait récupérer (673/-81). C'était provoquer ouvertement Sylla, qui voyait en lui ''plusieurs Marius'', soit un grand danger pour la République. Autant dire que cela signifiait pour César que Sylla l'avait condamné à mort. D'ailleurs, les partisans de Sylla, et surtout un certain Cornelius Phagita, le poursuivirent inlassablement et César serait sans doute mort s'il n'avait pu payer à Phagita une énorme somme d'argent en échange de sa vie. De son côté, Sylla se montra inflexible, refusant de faire grâce à César. Il fallut que les vestales, son beau-fils Marmercus et l'oncle de César, Aurelius Cotta, insistent très lourdement pour que Sylla lui accorde son pardon, selon une version de Suétone. César ne resta pas longtemps à Rome. Il partit dès l'année suivante (675/-80) servir le gouverneur d'Asie Marcus Minucius Thermus et se distingua à Mytilène, toujours selon Suétone. César ne retourna à Rome qu'après la mort de Sylla. En raison de ses liens avec Marius et Cinna, Jules César se considéra dès lors comme le chef de la faction populares, et poursuivit les partisans de Sylla avec une haine implacable, mais dissimulée derrière une façade aimable et séductrice. Excellent juriste, César attaqua donc successivement le proconsul Dolabella, pour la mauvaise gestion de sa province. Puis Gaius Antonius Hybrida, un ancien lieutenant de Fimbria, qui commit des meurtres en Grèce dès que Sylla avait eu le dos tourné. Ensuite César s'en prit à Lucius Liscius et à Lucius Bellienus, deux anciens centurions de Sylla, payés pour avoir exécuter des proscrits. Et enfin, il alla jusqu'à accuser Gaius Rabirius pour le meurtre du tribun de la plèbe Saturninus, commis plus de 35 ans auparavant! En 685 (-69), César est questeur. Cette même année, sa tante Julia décède. Lors de son enterrement, il n'hésite pas à afficher les portraits de Gaius Marius, pour la plus grande joie du peuple. César considéra donc que la faction de Marius était toujours populaire. Aussi, il s'ingénia à devenir l'ami du peuple. Cependant pour apparaître sous un jour favorable à la faction optimates, il épousa même la petite-fille de Sylla, Pompeia, après la mort de Cornelia Cinna (687/-67)! L'année suivante (688/-66), il soutient un complot de Catilina visant à renverser la République. Crassus aurait été dictateur et César son maître de cavalerie. Le complot fut déjoué et César ne fut pas inquiété car on ne put trouver une preuve formelle de son implication. Il devient édile en 689 (-65) et offrit à la plèbe des jeux splendides, des fêtes, des banquets, si bien qu'il acheta littéralement l'affection du peuple. Fort du soutien populaire, César se décida donc à faire renaître sa faction au grand jour: ''Rome était alors divisée en deux factions: celle de Sylla, toujours très puissante, et celle de Marius, qui, réduite à une grande faiblesse et presque dissipée, osait à peine se montrer. César voulut relever et ranimer cette dernière: lorsque les dépenses de son édilité lui donnaient le plus d'éclat dans Rome, il fit faire secrètement des images de Marius, avec des Victoires qui portaient des trophées; et une nuit il les plaça dans le Capitole. Le lendemain, quand on vit ces images tout éclatantes d'or, et travaillées avec le plus grand art, dont les inscriptions faisaient connaître que c'étaient les victoires de Marius sur les Cimbres, on fut effrayé de l'audace de celui qui les avait placées, car on ne pouvait s'y méprendre. Le bruit qui s'en répandit aussitôt attira tout le monde à ce spectacle: les uns disaient hautement que César aspirait à la tyrannie, en ressuscitant des honneurs qui avaient été comme ensevelis par des lois et des décrets publics: que c'était un essai qu'il faisait pour sonder les dispositions du peuple, déjà amorcé par sa magnificence; et pour voir si, assez apprivoisé par les fêtes publiques qu'il lui avait données avec tant d'ostentation, il lui laisserait jouer de pareils jeux, et entreprendre des nouveautés si téméraires. Les partisans de Marius, de leur côté, enhardis par son audace, se rassemblèrent en très grand nombre et remplirent le Capitole du bruit de leurs applaudissements: plusieurs même d'entre eux, en voyant la figure de Marius, versaient des larmes de joie; ils élevaient César jusqu'aux nues, et disaient qu'il était seul digne de la parenté de Marius. Le Sénat s'étant assemblé, Catulus Lutatius, le plus estimé de tous les Romains de son temps, se leva, et parlant avec force contre César, il dit cette parole, si souvent répétée depuis: Que César n'attaquait plus la République par des mines secrètes, et qu'il dressait ouvertement contre elle toutes ses batteries'' rapporte Plutarque. César continua son offensive contre la République moins ouvertement. En 687 (-63), il se fait élire Pontifex Maximus. Poursuivant son cursus honorum, il est préteur urbain la même année et soutient encore un nouveau complot de Catilina. Cependant Cicéron n'ose l'accuser ouvertement à cause de sa popularité. César vise cependant secrètement toujours la prise du pouvoir. Avec son ami Crassus, qui soutient financièrement toutes ses campagnes électorales, César passe un accord avec Pompée, vainqueur de Mithridate. Ce premier triumvirat (690/-60) fait que Crassus, Pompée et César s'engagent à ne pas s'attaquer mutuellement. Par cette manœuvre, César cherchait surtout à désarmer ses adversaires politiques. César devient ensuite propréteur en Bétique. Battant quelques tribus ibères qui s'agitaient, il doit renoncer à son triomphe afin de se faire élire consul (690/-60). Pour remercier Pompée de son soutien, il lui donne sa fille en mariage et fait voter une loi pour accorder des terres à ses vétérans. César, qui rêve d'imiter Alexandre le Grand, a décidé de conquérir la Gaule. Par l'intermédiaire du tribun de la plèbe Vatinius, il se fait confier les provinces de Gaule Cisalpine et d'Illyrie pour cinq ans. De son côté, le Sénat lui avait accordé la Gaule Transalpine. En 694 (-56), César, Pompée et Crassus renouvellent leur triumvirat et Pompée et Crassus se font élire consuls ensemble l'année suivante. De son côté, César ne reste pas inactif. Il pousse Crassus à quitter Rome et à s'engager à mener la guerre contre les Parthes. Crassus finit par se faire tuer. Ne restait plus que Pompée à Rome et César commença à le déstabiliser avec de fausses rumeurs et l'aide de Marc Antoine. En Gaule, César continuait sa conquête qui tourna au génocide avec près d'un million de Gaulois tués. Fort de ses conquêtes, César brigue un deuxième consulat pour l'année 691 (-49). Pompée et les optimates sont contre car César refuse de licencier ses légions. A la suite de diverses passes d'armes verbales, le tribun de la plèbe Marc Antoine finit par se faire expulser du Sénat. Marc Antoine César accoure donc à Rome au prétexte de défendre les tribuns (Janvier 691/-49). Pompée et les optimates, voyant César marcher sur Rome, quittent la ville afin de rassembler des forces suffisantes contre lui. Arrivé à Rome, César est nommé par le peuple dictateur. L'année suivante, il devient consul, rappelle les bannis et rétablit dans leur droit les proscrits de Sylla. César est maître de la moitié de l'empire et il bat finalement Pompée à Pharsale. Pompée tué sur ordre du roi d'Egypte, César poursuit ce qui reste de l'armée républicaine en Afrique et les bat à la bataille de Thapsus (février 694/-46), où Faustus Sulla, le beau-fils de Pompée, est tué peu après sur son ordre. César peut donc rentrer à Rome, où on lui décerne la dictature pour dix ans. Voulant prendre ses distances avec les proscriptions de Sylla, il n'hésita pas à dédier un temple à la Clémence, par opposition à la cruauté de Sylla. La faction populares triomphe définitivement sur la faction optimates. Les statues de Pompée et de Sylla sont destituées par le peuple, avant que César n'autorise leurs remises en place. Cependant, en Espagne, le fils de Pompée à reprit la lutte et César va le combattre à Munda, dans une bataille terrible et acharnée (avril 695/-45). A la fin de l'année, César osa cependant célébrer son cinquième triomphe. Il ne célébrait pas sa victoire contre un peuple étranger, mais bien contre la faction optimates, ce que personne n'apprécia à Rome: ''On le lui pardonnait pas de triompher ainsi des malheurs de sa patrie'', souligne Plutarque. Au début de l'année suivante, le peuple nomme César dictateur perpétuel. Pourtant, cela ne suffit pas à César qui cherchait à obtenir d'autres honneurs encore. A l'image de Gaius Marius, ''loin que ses nombreux exploits lui fissent désirer la jouissance paisible du fruit de ses travaux, ils lui inspirèrent au contraire de plus vastes projets, et flétrissaient pour ainsi dire à ses yeux la gloire qu'il avait acquise, ils allumèrent en lui l'amour d'une gloire plus grande encore'', rapporte Plutarque. Mais surtout, Jules César voulait se faire déclarer roi de Rome. Or, même pour la plèbe qui l'adulait, la royauté apparaissait comme une telle aberration dans la Rome républicaine, que tous les citoyens étaient totalement opposés à cette idée. Pourtant, César insistait, ''de là naquit l'aversion que le peuple lui porta toujours depuis'', souligne Plutarque. L'opinion publique commençait donc à se retourner contre lui, et l'on pressait le préteur Brutus de mettre fin à la vie du tyran. En effet, César, qui jusque là avait soutenu les tribuns de la plèbe, finit par leur retirer leur pouvoir en les traitant de brutes! C'en était trop pour les sénateurs qui décidèrent d'en finir avec lui. L'assassinat de César Cependant, César a-t-il été assassiné ou s'est-il laissé suicider? On peut se poser la question car lorsque le Sénat lui décerna la dictature perpétuelle, le 14 février, il licencia sa garde personnelle, comme s'il avait abdiqué la dictature. Cela faisait donc de lui une cible facile pour ses ennemis. D'autre part, on ne compte plus les présages et les avertissements qui informent César des tentatives de meurtres contre lui. Mais inexorablement, César préfère aller à la rencontre de son destin fatal… pour mourir assassiné aux pieds de la statue de Pompée. Car en tuant la République, c'est lui-même qu'il condamnait à mort…
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