Contexte historique: An de Rome 666. Mithridate vient d'envahir la province d'Asie et de massacrer tous les Romains de la Province. A Rome, le Sénat et le Peuple lui déclarent la guerre. Le consul Lucius Sulla est désigné général en chef. Cela ne plaît pas à tout le monde, notamment à Gaius Marius. Pendant ce temps, une crise politique secoue la Ville. Le tribun de la plèbe Sulpicius Rufus veut répartir tous les nouveaux citoyens dans les 35 tribus de vote. Sa proposition de loi provoque des émeutes sur le Forum. Les consuls doivent décreter tous les jours fériés en attendant que la situation se calme... Essai de reconstitution historique des événenements au plus proche des sources antiques. Rome, trois jours avant les calendes de Sextilis Ce matin, l'air de la Ville était chaud. Pas un souffle de brise pour rafraichir l'atmosphère… Lucius Sylla était inquiet. Il devait présider une assemblée publique devant le temple de Castor et Pollux sur le Forum, avec son collègue Quintus Pompeius. Et Sulpicius, le tribun de la plèbe, était furieux car les consuls avaient déclarés tous les jours fériés, l'empêchant de faire voter sa loi. Deux esclaves aidaient Sylla à enfiler sa toge de sénateur. A son doigt, l'anneau d'or et son nouveau sceau, un trophée et un lituus entourés d'une couronne d'herbe avec l'inscription SVLLA IMPER, pour "Sylla imperator". Le premier consul de Rome était en effet le héros du moment: il avait obtenu la prestigieuse couronne d'herbe en délivrant une légion à Aesernia deux ans plus tôt, puis l'année suivante, son armée l'avait acclamé imperator lorsqu'il avait écrasé les Samnites près de Nola. Sa série de succès avait été irrésistible: prise de Pompéi, d'Aeclanum, soumission des Hirpiniens, Mutilus défait, prise de Bovianum, la capitale Italique, élection au consulat, mariage avec Metella Dalmatica, le plus beau parti de Rome, et enfin, le commandement de la Guerre contre Mithridate par tirage au sort. Pour couronner le tout, Metella était enceinte et son aruspice Postumius lui assurait que ce serait un garçon. Son entourage militaire avait bien raison de le surnommer Felix; où qu'il alla la déesse Fortuna finissait toujours par être de son côté. Une seule petite ombre à ce brillant tableau: l'agitation de Sulpicius. Sylla soupçonnait bien qu'il y avait quelque chose de louche derrière les intentions du tribun de la plèbe, mais quoi? Sylla arrangea lui-même les plis de sa toge. Il était toujours soucieux de plaire et de paraître à son avantage. A 50 ans, son visage était bien marqué par sa vie débauchée et ses campagnes militaires. Il avait de larges poches sous les yeux et des rides profondes barraient son front. Sa chevelure bouclée abondante et indisciplinée d'un blond doré était parsemée de nombreux cheveux blancs depuis longtemps déjà. Son visage au teint blanc supportait mal les excès de sa vie mouvementée. Le premier consul était en effet un homme au caractère sanguin, avec un tempérament violent et passionné, et le rouge dominait sur sa figure, un rouge ardent même. Coups de soleil, excès de vin, sang au visage doublés d'une peau fragile et couperosée, tout cela pouvait se lire sur son visage. Cependant son attitude était à l'opposé de sa figure rubiconde. Sylla se comportait en effet en homme froid et hautain, sûr de lui et de sa supériorité aristocratique, bref, en parfait patricien romain. Quant à ses yeux gris-vert, ils vibraient d'un éclat magnétique et profond, et son regard pouvait être empreint à la fois de la colère la plus froide et d'une dévastatrice humanité. Lucius Sylla se dirigea vers le péristyle. Ses douze licteurs l'attendaient, ainsi que Caius Iulius Caesar Strabo Vopiscus, l'orateur. Caesar Strabo: Salve premier consul! Lucius Sylla: Vopiscus, passons sur les usages. Je t'ai convoqué car le Sénat a besoin de tes services. Je t'expliquerai en chemin, sinon je vais arriver en retard sur le Forum, et j'aimerai autant que cette assemblée se déroule rapidement, dit Sylla d'un ton sans réplique. Les douze licteurs, portants les faisceaux et les haches, sortirent en bon ordre. Sylla et Caesar Strabo se préparèrent à les suivre quand Chrysogonus, l'esclave grec préféré du consul, interpella son maître d'une voix très soucieuse. Chrysogonus: Dominus, où est ton escorte armée? LS: Tranquillises-toi. En tant que consul, ma personne est sacra. Dit à Dalmatica que je ne risque absolument rien. C: Mais, dominus, Sulpicius a engagé toute une bande de jeunes gens armés qui t'attendent sur le Forum! ajouta Chrysogonus réellement effrayé. LS: Et tu crois ton maître assez stupide pour ne pas le savoir! dit Sylla subitement énervé. J'ai fait poster des hommes à moi sur tout le Forum et le jeune Pompeius a aussi fait appel à ses amis. Si Sulpicius s'amuse à vouloir troubler l'ordre public, il va trouver à qui parler… Le regard de Sylla flamboyait. Chrysogonus recula, connaissant trop bien les excès de colère de son maître. Cependant, il afficha un léger sourire. Non, son dominus n'allait pas se laisser assassiner par un vulgaire tribun de la plèbe. Il s'inclina. "Je vais rassurer domina". Dans la rue, Caesar Strabo n'était pas inquiet lui non plus. Sylla salua le petit peuple qui l'acclamait et commença à discuter avec son ancien beau-frère. LS: Sais-tu ce que prépare Sulpicius? CS: On dirait qu'il veut mettre en pratique les idées de feu Livius Drusus, mais d'une manière encore plus radicale que Gaius Gracchus… LS (excédé): Un nouveau Gracque au milieu de deux guerres cruciales pour l'avenir de Rome! Il ne manquait plus que cela! Mais quand donc ces fils de p… de tribuns de la plèbe cesseront-ils de vouloir jouer avec la République? Les Samnites et Mithridate, ce n'est donc pas suffisant pour eux! Que sais-tu d'autre? CS: Oh, que Sulpicius a des dettes colossales, ça tu le savais déjà, mais pour combler ses dettes, il entend vendre la citoyenneté romaine sur la place publique! LS (abasourdi): Quoi?!? CS: Oui, accorder la citoyenneté romaine à des Italiques et à des affranchis ne lui suffit apparemment pas. Comme tu lui refuses le vote de sa loi, il a décidé de te narguer ouvertement et il se prépare à ouvrir un stand en plein milieu du Forum! LS: Mais il cherche à déclencher une guerre civile! CS: Tant mieux, cela te donneras une bonne excuse pour le faire jeter de la roche tarpéienne. LS: Si seulement je le pouvais… mais en tant que tribun de la plèbe, sa personne est sacra. J'attends avec grande impatience le 10 décembre, dit-il d'un air noir… CS: Je crains que la prolongation indéfinie des ferie ne suffise pas à calmer ses partisans… LS: C'est pour cela que j'ai besoin de tes services. Tu es le meilleur orateur de Rome et tu as fait des merveilles pour remonter le moral de la population pendant que tu étais édile et que nous nous en sortions difficilement avec les Marses. Grâce à toi, Rome gardait courage! Et c'est ce que j'aimerai que tu fasses aujourd'hui. CS (intrigué): Comment? LS: Dans quelques jours, je quitterais la ville pour rejoindre mes troupes... CS (lui coupant la parole): Mais Pompeius est incapable de gouverner Rome sans toi! LS: Tu veux que je lui cède mon commandement contre Mithridate, alors? Parce que lui, il n'est pas du tout impatient de rencontrer une armée romaine et au rythme où il avance, il sera à Rome avant la fin de l'année prochaine! CS (sérieux): La situation est si grave que cela, Lucius? LS (ironique): Voyons Gaius, Rome est ruinée par la Guerre contre les Alliés, les Samnites continuent à nous narguer depuis les murs de Nola, Mithridate massacre impunément les Romains dans toute la Méditerranée avec l'aide des populations locales, et un nouveau Gracque menace de renverser la République! Il ne manquerait plus qu'Athènes se soulève contre Rome et là, je te dirais qu'effectivement, la situation est grave. Et c'est justement pour empêcher la défection de la Grèce que je dois m'y rendre au plus vite avec mes cinq légions. CS (comprenant): D'accord, tu vas nous laisser seul à Rome avec ce fou furieux de Sulpicius faisant la loi sur le Forum. C'est quoi alors ton idée pour empêcher que ce jour funeste n'arrive? LS: Il va falloir que tu prennes la parole pour t'opposer à Sulpicius… CS: Et je vais faire comment contre sa joyeuse bande de voyous armés qui va m'empêcher de monter sur les rostres? LS: D'abord, tu vas représenter les intérêts du Sénat et t'exprimer en son nom. Ne t'inquiètes pas pour ta sécurité, j'ai convaincu nos sénateurs d'engager quelques gladiateurs pour suppléer nos dévoués clients. Nous devons montrer à Sulpicius que c'est le Sénat qui tient le Forum et pas les tribuns de la plèbe. Pour cela, ça va être une épuisante joute oratoire, je te l'accorde. Mais tu dois retourner l'opinion publique contre Sulpicius. Lorsque ce sera fait, Pompeius pourra suspendre les ferie. CS: Mais ça peut durer des semaines! LS: Et alors? Tu as bien tenu plusieurs mois pendant la guerre! Je peux compter sur toi Gaius? CS: Evidemment! Je ferais tout ce que je peux pour m'opposer à Sulpicius dans le plus strict respect des lois. LS: Bien! Tous les optimates seront derrière toi. N'hésites pas à leur demander de l'aide, nous sommes en majorité au Sénat. CS: En clair, tu me demandes quasiment d'être consul suffect en ton absence? LS: Pour tout ce qui concerne la lutte légale contre Sulpicius, oui, c'est cela que je te demande Gaius. CS (étonné): Pourquoi moi? Pourquoi pas mes frères Lucius ou Catulus? Ils ont plus d'expérience que moi. LS: Je te l'ai dit: parce que tu es le meilleur orateur de Rome pour contrer Sulpicius. Parce que tout le peuple te connait et t'apprécie. Et tu es le seul capable de réussir! CS: D'accord! A toi la guerre contre Mithridate, à moi la guerre contre Sulpicius! Mais pense à moi lorsque tu distribueras le butin. LS: Caesar, comment peux-tu te montrer aussi matérialiste dans un moment pareil! dit Sylla avec un large sourire. *** Sylla était de meilleure humeur en arrivant sur le Forum. De nombreux citoyens l'acclamèrent. Depuis sa victoire dans la Guerre Sociale, il était devenu très populaire, et il aimait beaucoup cela. "Et dire que je ne pourrais même pas en profiter jusqu'à la fin de l'année, soupira-t-il. J'ai tout de même une jolie compensation: à l'armée je suis maintenant plus populaire que ne l'a jamais été Gaius Marius", pensa-t-il avec fierté. Le Forum était calme. Bien calme pour un jour où se réunissait une assemblée du peuple. Très calme pour une matinée où Sulpicius aurait du faire voter sa loi répartissant les nouveaux citoyens italiens et les affranchis dans les 35 tribus votantes. Le jeune Pompeius avait réussi à rassembler une centaine d'hommes armés. Cela avait découragé Sulpicius et ses partisans, absents du Forum. "Bien, pensa Sylla en arrivant devant le temple de Castor et Pollux, l'assemblée va pouvoir normalement se dérouler". Le peuple attendait patiemment l'arrivée des consuls et la prise des auspices. Pendant l'officielle cérémonie religieuse, à côté de lui, Pompeius Rufus avait du mal à cacher sa nervosité. A l'inverse de Sylla, le second consul était un homme brun aux traits fins et réguliers, toujours soigné, habitué à arpenter le Forum et les prétoires plus que les champs de batailles. Mais face aux menaces de Sulpicius, il peinait à garder son calme. Sylla et lui se connaissaient depuis longtemps. Après la Guerre contre Jugurtha, Sylla était entré dans le cercle fermé des amis de Metellus Numidicus pour avoir capturé le chef numide au dépend de Gaius Marius. Ils étaient devenus rapidement amis, Sylla, lui, Marcus Porcius Cato, Quintus et Lucius Aelius. Sylla avait même épousé la fille de Quintus, et rapidement, ils avaient fiancé leur fils et leur fille. Et ils étaient devenus consuls ensemble! Si Pompeius Rufus s'était toujours très bien entendu avec Lucius Cornelius, ce n'était cependant pas son meilleur ami. Jusqu'à il y a très peu de temps, son meilleur ami s'appelait encore Publius Sulpicius Rufus. Tous deux avaient passés de nombreuses heures dans la grande villa de Livius Drusus à Tusculum, à refaire le monde en pensant au jour où se seraient eux qui gouverneraient Rome. Et ce jour était arrivé! Pompeius, à peine élu consul, avait soutenu la candidature de Sulpicius au tribunal de la plèbe en novembre dernier. Ils allaient pouvoir enfin prendre leur revanche sur leurs ennemis populares qui les avaient traînés devant les tribunaux pour avoir soutenu Livius Drusus! Tout se passait donc très bien pour Pompeius Rufus jusqu'à ces dernières semaines. Puis, subitement, Sulpicius avait décidé de ne plus lui adresser la parole. Pour quelle raison? Pompeius doutait de ne jamais connaître un jour le fin mot de cette histoire. Il en soupçonnait pourtant la cause: un soir, Sulpicius était venu lui dire que, maintenant que la Guerre Sociale était sur le point de se terminer, il était temps de rendre hommage à leur vieil ami Livius Drusus et de faire voter ses lois. Sulpicius comptait sur le soutien de son ami et consul. Mais Pompeius lui avait répondu que la guerre avait fait beaucoup trop de mal, que l'idée de Livius Drusus, d'accorder la citoyenneté romaine à toute l'Italie, s'était imposée dans un bain de sang. Sulpicius n'était pas d'accord: l'œuvre de Livius Drusus ne serait complète que quand les Italiens seraient vraiment assimilés aux Romains en les répartissant dans les 35 tribus de vote. Pompeius avait du mal à comprendre l'acharnement de son ami. Quintus Pompeius Rufus "Comprend donc Quintus, si nous faisons passer cette loi, tous les Italiens seront nos clients!" avait tenté de lui expliquer Sulpicius, avec une lueur de folie dans le regard. Pompeius avait compris: ainsi, c'était donc cela qui intéressait tous les tribuns de la plèbe depuis Gaius Gracchus? Devenir le maître de toute l'Italie aux dépend des citoyens Romains et très accessoirement l'homme le plus riche de tout l'Empire? Pompeius, dont le père s'était opposé aux Gracques avec véhémence, était parti écœuré, ne reconnaissant plus son ami dans cet homme à qui le pouvoir était monté à la tête. Sulpicius avait tenté de le retenir, allant même jusqu'à lui proférer des menaces: "Ecoutes-moi bien Quintus: l'avenir, ce n'est plus Rome, c'est l'Italie. Ce n'est plus l'aristocratie romaine qui gouvernera, mais la chevalerie provinciale, et cela arrivera beaucoup plus tôt que tu ne peux le croire. La vieille République est finie, et c'est à nous de fonder une nouvelle démocratie, Quintus. A nous! J'ai choisi d'aller dans le sens de l'Histoire, et si toi tu ne le fais pas, tu finiras comme Porcius Cato". Porcius Cato avait été assassiné l'année précédente par ses propres troupes! Pompeius tremblait encore en rentrant chez lui: Sulpicius pourrait aller jusqu'à l'assassiner s'il s'opposait à ses projets! Mais qu'est-ce qui lui était passé par la tête? Se faire rembourser ses dettes colossales par une clientèle italienne! L'Italie qui gouverne Rome! Et puis quoi encore? Peu de jours après, Sulpicius avait proposé sa loi lors d'une assemblée plébéienne. Apparemment, il ne plaisantait pas! Heureusement, la plupart des citoyens romains étaient hostiles à cette loi, mais Sulpicius mobilisait chaque jour les Italiens du haut des rostres. Mais à quoi jouait-il? En désespoir de cause, il avait du se résoudre à rappeler de toute urgence Lucius Sylla qui était à Capoue, à s'occuper de la préparation de la guerre contre Mithridate. Et de tout lui avouer des projets de Sulpicius. Sylla, avec son pragmatisme habituel, avait trouvé une solution légale pour empêcher Sulpicius de faire voter sa loi: proclamer tous les jours fériés, le temps de calmer les esprits. Mais Pompeius continuait à être inquiet. Quelque chose n'était pas normal. Les anciens citoyens ne pouvaient pas voter une loi contraire à leurs intérêts. Comment Sulpicius pouvait être aussi sûr que sa loi serait votée sans difficulté? Pompeius savait comment: par corruption. Or, Sulpicius n'avait pas d'argent, mais la chevalerie italienne, si. Il fallait donc absolument arrêter Sulpicius, dans l'intérêt de Rome, et Pompeius regrettait que Sylla ne soit pas revenu avec quelques troupes pour rétablir l'ordre dans la ville. Sylla lui avait rétorqué que faire entrer une armée dans Rome était un acte absolument illégal, que tout devait se régler selon la loi. Les lois, les lois… quand la République est menacée, on devrait pouvoir faire voter un senatus consultus ultimum. Si Sulpicius continue à provoquer ainsi le Sénat, Pompeius se chargera personnellement de son cas… *** Le soleil brillait fort en cette matinée d'été et les aruspices étaient contrariés. Ils parlèrent à Sylla à voix basse: "Augure, nous sommes partagés. Les auspices semblent trop favorables…" LS (moqueur): Et comment des auspices peuvent-ils être trop favorables? "Le foie de la victime est parfait, sans aucune tâche, mais nous le trouvons trop gorgé de sang. Certains craignent que cette assemblée ne se termine dans un bain de sang…" Pompeius frissonna, mais Sylla raisonna tout le monde. LS: ou alors ce foie est dégoulinant de sang parce qu'il est resté trop longtemps à attendre sous ce chaud soleil d'été! Les augures sont favorables! Dépêchez-vous de conclure cette cérémonie que la réunion puisse enfin se dérouler. Sylla, qui détenait les fasces consulaires pour le mois de quintilis, ordonna que la réunion commence. Le sujet du jour était d'expliquer au peuple la guerre contre Mithridate, l'évolution de la situation en Asie, comment Sylla allait dépenser l'argent public, etc. En apparence tout était calme et le peuple semblait prêt à écouter les consuls, mais Pompeius était de plus en plus inquiet; il ne cessait de jeter des regards vers son fils qui tentait de le rassurer: aucun partisan de Sulpicius à l'horizon. Alors que Sylla continuait patiemment de tenir le peuple informé des derniers événements d'Asie et des populations réchappées du massacre, brusquement, Sulpicius, caché au milieu de la foule, se découvrit et se mit à crier: "Quirites!". C'était le signal attendu: ses partisans sortirent alors leurs glaives et s'avancèrent vers les consuls avec le tribun de la plèbe. Sulpicius pointa alors son index vers les consuls et leur lança un ultimatum. Sulpicius: Consuls Cornelius Sulla et Quintus Pompeius, la proclamation des ferie est contraire aux lois! Le peuple ici présent est contre votre décision! En tant que tribun de la plèbe je vous ordonne de les révoquer sur le champ! C'est aujourd'hui le jour des comices et j'ai le droit de mettre mes projets de lois au vote! Rien ne doit pouvoir entraver les droits du peuple de Rome! Un tumulte s'éleva dans l'assemblée. Sylla cherchait Caesar Strabo du regard, mais l'orateur avait quitté la place. Pompeius Rufus s'avança pour parler, mais Sulpicius dit à ses partisans. S: Allez vous emparer des consuls! Nous allons montrer au Sénat que c'est le peuple qui gouverne Rome désormais! Les partisans de Sulpicius s'avancèrent. Les consuls ne se tenaient qu'à quelques mètres d'eux. Sur le Forum, la situation dégénéra en quelques secondes. Les nouveaux citoyens Italiens commencèrent à s'en prendre verbalement aux consuls, les menaçant de mort. Le jeune Pompeius, aidé par Publius Crassus, rassembla immédiatement ses gladiateurs, mais il n'arriverait pas à temps pour protéger son père. Quintus Pompeius, voyant la situation complètement lui échapper, ne chercha même pas à résister; il s'enfuit aussi vite que possible protégé par quelques sénateurs armés. Sylla, habitué à jauger un champ de bataille, resta quelques instants à examiner la situation. Qui les avait trahis? Il aurait pourtant juré que le Sénat tenait le Forum sous son contrôle, or, les partisans armés de Sulpicius avaient pu se mêler au peuple sans que personne ne s'interpose… Les partisans de Sulpicius étaient beaucoup trop nombreux. D'un œil noir, Sylla se résigna à s'enfuir, mais lentement, afin que tous puissent voir qu'il n'avait pas peur des menaces du tribun de la plèbe. "Ne surtout pas perdre la face en public". Il eut encore le temps de voir des hommes frappés à mort, puis il arracha sa toge et se faufila entre les bâtiments. Sur le Forum, Sulpicius lança ses ordres. S: Les consuls s'échappent! Ramenez-les! Ils préfèrent s'enfuirent que d'affronter la justice du peuple! Revenez, espèce de sales lâches! Le jeune Pompeius, qui tentait de se frayer un chemin avec son glaive, allait enfin parvenir à la hauteur du tribun de la plèbe. En entendant ses parents être insultés, il n'y tient plus. QP: Sulpicius! Espèce de sale traître vendu aux Samnites vient…. Ce fut ses dernières paroles. Il reçut une lame en plein cœur et s'effondra sur les marches du Temple. En voyant la scène, Publius Crassus hurla et les sénateurs commencèrent à s'enfuir. Sulpicius, les yeux grands ouverts d'horreur, couru immédiatement vers le jeune Pompeius. Il n'y avait plus rien à faire… Ses partisans le tirèrent par la toge et l'entrainèrent à la poursuite des consuls. Sylla était poursuivit. Visiblement, Sulpicius avait donné des ordres pour qu'on ne s'en prenne qu'à lui. La dizaine de jeunes chevaliers qui le poursuivait allait bientôt le rattraper, et ils n'avaient pas l'air décidé à lui laisser la vie sauve. Où se cacher? Sur la droite, un temple. Sur la gauche... Sans plus réfléchir, il se précipita, ouvrit la porte d'une maison, la referma aussitôt et se retrouva… dans le vestibule de Gaius Marius! |