Au nord de Capoue, 6 jours avant les calendes d'octobre Sylla avait passé une bonne partie de la nuit à prier les dieux. Il s'estimait toujours indigne des faveurs qu'ils lui accordaient sans cesse. Plongé dans une sorte d'état second, il avait fait un rêve étrange. Il avait rêvé de la déesse cappadocienne Ma, dont il était devenu un adepte depuis son séjour à Comana, ainsi que de Jupiter Stator… Il était Jupiter… Il avait sa couronne d'herbe sur la tête… Il avait le pouvoir de la foudre dans ses mains… Il voyait un Marius encore jeune se précipiter avec un glaive pour le tuer… Ma lui parlait et lui disait de le foudroyer… Il lançait la foudre et voyait Marius brûler devant ses yeux… Puis il foudroyait Sulpicius qui disparaissait dans un grand éclat de lumière… Quant à Marcus Laetorius, il lui plantait sa foudre dans le cœur… Puis il revécut le vote des comices… Le feu d'Apollon le brûlait intérieurement et attisait sa colère… Il avait toujours la foudre dans ses mains… Du haut du temple, il foudroyait tous les chevaliers et rien ne pouvait arrêter sa colère… Sylla se réveilla en sursaut. Le jour était sur le point de se lever… Un sourire se dessina sur son visage. "Tremble Marius, tremble. Jupiter est avec moi maintenant…." *** Gaius et Lucius Caesar avaient dépassé Minturnae. Vopiscus avait finalement attendu son frère. Le prince du Sénat s'était résigné à quitter la Ville et à aller retrouver Sylla et son armée. Son objectif était de le convaincre de lui laisser une légion afin de venir déloger du Forum l'Anti-Sénat de Sulpicius. Hier, ils avaient croisés les officiers du consul, galopant à toute vitesse en direction de Rome. Claudius s'était arrêté en reconnaissant Lucius Caesar. Les yeux de l'officier s'étaient agrandis de surprise en entendant le prince du Sénat lui raconter les derniers événements survenus à Rome. Oui, le Sénat n'existait plus et il allait voir Sylla pour lui demander d'intervenir. Caesar Strabo n'avait pas caché sa joie en apprenant que les deux consuls marchaient sur Rome avec six légions! Le Sénat n'en demandait pas tant! Claudius était reparti vers le nord avec un petit moral. La situation était aussi grave que leur avait expliqué leur général. Ce ne serait pas facile d'aller raisonner Sulpicius et Marius… Alors que l'armée arrivait sur le bord de mer, Sylla et Pompeius virent s'avancer vers eux une nouvelle délégation pensèrent-ils. "Quand ce ne sont pas des citoyens qui fuient vers Rome que nous croisons, ce sont les municipe des villes qui viennent nous demander quelles sont nos intentions. Vivement que l'on arrive à Rome et que j'en finisse avec toutes ses ambassades qui nous font perdre du temps", pensa Sylla excédé. Quelle ne fut pas surprise en voyant arriver Lucius Caesar. LC (descendant de cheval): salve consuls! LS (descendant de cheval et venant donner l'accolade à Caesar): ave princeps senatus! Sylla, Pompeius, Lucius et Gaius Caesar, mais aussi Publius Crassus et ses deux fils se saluèrent chaleureusement. LS: Donne-moi les dernières nouvelles. LC: Catulus est resté à Rome pour tenter de convaincre Marius de renoncer à son commandement, mais il est très obstiné. Il ne lâchera rien, Lucius. Quant à Sulpicius et à son Anti-Sénat… LS: Parle Lucius! LC:… il veut carrément créer une assemblée latine de 600 membres en remplacement du Sénat. Sylla eut l'impression de recevoir un véritable coup de poing à l'estomac. Quant à Pompeius Rufus, il tomba à genoux. PR: Comment ai-je pu être aussi aveugle? Sulpicius était notre ami et maintenant, il veut notre mort, à tous. LS (prenant Lucius Caesar à part): Princeps, j'ai besoin de savoir quelles sont les sentiments des italiques envers nous? A te dire la vérité, je crains de rallumer la guerre en allant déloger Sulpicius... LC: Ton hésitation honore le Sénat, consul. Sur ce point je peux te rassurer. La majorité des italiens est très contente d'avoir reçue la citoyenneté romaine, même si pour cela le prix du sang a été très élevé pour eux. Plusieurs délégués des peuples fédérés sont venus me voir. Eux aussi craignent l'agitation de Sulpicius. Ils ne veulent pas non plus d'une nouvelle guerre. Ils savent qu'ils se feraient écraser sans pitié par Rome, et que nous ne laisserions cette fois aucun survivant. Ils ne soutiennent en aucun cas l'action suicidaire de Sulpicius. LS: C'est donc Marius et Sulpicius les seuls responsables de tout ce bordel? LC: Ils ont effectivement très peu de soutien. Il semblerait que Marius soit absolument persuadé que le commandement de la guerre contre Mithridate doive lui revenir de droit. LS (ironique): De quel droit parle-t-il? De celui de m'avoir mis un glaive sous la gorge et de m'avoir chassé de Rome? LC (sursautant): Il a fait ça !?! Le général Marius LS (noir): Un peu plus et il me tuait au milieu de son atrium tu veux dire… Lucius, je veux les noms de tous leurs complices. Les chevaliers étaient nombreux aux comices pour voter les lois de Sulpicius… LC: Oh, si tu veux je pourrais te faire une jolie petite liste de tous les chevaliers que Marius a achetés. Gaius a réussi à en attraper quelques uns et à les faire parler. Marius a offert aux plus influents près de 10 000 deniers pour voter en faveur des lois de Sulpicius... LS (une colère terrible au fond des yeux): Encore Marius?! Cette fois, il l'aura voulu. Je vais le dénoncer comme traître à la République! (Regardant Lucius Caesar droit dans les yeux): Et je compte sur l'aval du Sénat pour le déclarer ennemi public! LC (ayant compris le message): Aide-nous à rétablir le Sénat et nous appuierons tes décrets sans sourcilier, consul. Le consul et le prince du Sénat se portèrent au devant des troupes. LS (à ses soldats): Voici Lucius Caesar, le princeps senatus. Il est venu nous rejoindre. Il croit lui aussi qu'il ne nous reste plus d'autre solution que de lever nos glaives contre Marius et Sulpicius pour rétablir la République! LC (s'adressant aux troupes): Le Sénat soutient unanimement la décision des consuls de marcher sur Rome. La République a été prise en otage par l'Anti-Sénat de Sulpicius. Je compte sur vous tous pour aller la délivrer! LS: AD ROMA!!! Et l'armée se remit en marche. Rome, 6 jours avant les calendes d'Octobre Le soleil venait à peine de se lever sur la Ville que Claudius, Livius et les autres officiers de Sylla franchirent la Porta Capena. Ils avaient chevauché aussi vite que possible, s'arrêtant à peine pour manger et dormir un minimum. Ils se dirigèrent droit vers le Forum. Là-bas, ils rencontrèrent quelques membres de l'Anti-Sénat. Couvert de poussière, la barbe aux joues, exténué, Claudius demanda à rencontrer Sulpicius sans attendre. Sulpicius arriva une heure plus tard, avec des cernes sous les yeux. Depuis qu'il avait vu le jeune Pompeius se faire tuer devant lui, il dormait très mal. Il savait que les consuls ne laisseraient pas ce crime impuni. Il espérait seulement que Marius avait assez intimidé Sylla pour qu'il ait fiché le camp le plus rapidement possible en Asie. Puis, il avait appris que Sylla était resté à Nola et n'avait pas encore l'intention de se diriger vers Brindisium. A partir de là, il s'était mis à faire des cauchemars, avec l'horrible sensation que ses jours étaient désormais comptés. "Qu'importe, j'ai réussi là où les Gracques ont échoué. J'ai mis le Sénat à genoux!" Mais cela ne parvenait pas à le calmer. Pour arrêter ses tremblements, il enchainait maintenant les amphores de vin. Voir les officiers de Sylla à Rome lui remonta un peu le moral. Ils pensaient que ceux-ci étaient venus prendre leurs ordres auprès de lui et que Sylla avait enfin compris qu'il était fini… Claudius (officiel): Tribun de la plèbe, j'aimerais savoir où se trouve le préteur urbain s'il te plait. S (amusé): Lentulus? Il n'est plus préteur urbain… Claudius: Qui préside le Sénat dans cette fichue ville alors? S (baillant): Le Sénat..? Peut être bien le vieux Quintus Mucius Scaevola, c'est le plus ancien. Claudius: Eh bien, j'ai un message pour toi et pour le Sénat de la part du premier consul Lucius Sulla. S (hautain): J'écoute… Claudius: Le premier consul te demande instamment de retirer tes lois et de rétablir le Sénat, sinon six légions vont entrer dans Rome et tu seras précipité du haut de la Roche Tarpéienne. S (croyant à une mauvaise farce): Très drôle! Vous avez fait tout ce chemin depuis Nola pour venir prendre vos nouveaux ordres de Marius, non? Alors je vous conseille d'aller le voir. Il est prêt à partir. Claudius (très militaire): Tribun de la plèbe, nous sommes sérieux. Six légions ont quitté Nola avec à leur tête les consuls Sulla et Pompeius. Elles viennent pour dire à Marius ce qu'elles en pensent de son foutu commandement. L'armée ne reconnait pas les derniers votes de l'assemblée du peuple et soutient son chef légitime, l'imperator et consul Lucius Sulla. Sulpicius se mit à trembler et le sang se retira de sa figure. Il attrapa Claudius par sa tunique. S: Six putains de légions marchent sur Rome?!? Sulla a perdu la tête ou quoi??? Claudius (se dégageant): Tribun, nous savons ce qui s'est passé. Tu as fait assassiner le jeune Pompeius Rufus. Son père est venu en pleurant nous réclamer ta tête. Ne me donne pas une bonne occasion de la lui rapporter… S (réagissant): Où se trouve l'armée maintenant? Claudius: Elle doit se trouver à un peu plus deux jours de marche. Nous avons encore le temps de réunir le Sénat et de parvenir à un accord raisonnable. C'est pour cela que nous avons pris les devants. Nous ne voulons pas voir les légions entrées dans Rome. Nous te conseillons vivement à toi et à Marius de vous rendre afin d'éviter une inutile effusion de sang. S (malade): Nous rendre??? Pour qui nous prenez-vous officiers? Toutes les lois votées par l'assemblée du peuple sont légales. C'est à vous de vous rendre à la raison du peuple! Le Sénat est fini! (perdant son calme): Allez retrouver vos maîtres et dite leur que s'ils consentent à se rendre, nous les laisserons peut-être partir en exil! Claudius (s'efforçant de rester neutre): Nous allons quand même convoquer le Sénat. Nous avons aussi un message pour Gaius Marius: l'armée a tué les deux tribuns qu'il nous avait envoyés. Nous sommes au regret de lui annoncer que son neveu est mort. Les consuls ont fait brûler leurs corps sans plus de cérémonie. Si maintenant tu as bien compris le message tribun, je te conseille d'avertir les sénateurs que nous les attendons sur les marches de la Curie pour midi. Vers midi, ce qui restait de sénateurs commença à arriver à la Curie. A côté du très vieux Mucius Scaevola, se trouvaient les préteurs Marcus Junius Brutus et Gnaeus Servilius Caepio, puis tous les amis de Marius, Laetorius, les Granius, Cethegus, Albinovinus, Julius Caesar et quelques autres sénateurs un peu plus neutres comme Flaccus. Gaius Marius arriva le dernier accompagné de son fils et d'une partie de l'Anti-Sénat. Le vieux général semblait marqué, néanmoins, il adressa la parole à Claudius, qui attendait toujours sur les marches du Sénat avec les autres officiers. GM (direct): C'est vrai que Sulla a assassiné mon neveu? Claudius (officiel): En fait, ce sont les soldats qui se sont rebellés et refusent de se soumettre à ton commandement. GM (un rictus déformant son visage): L'armée de Sulla et non de Rome, donc… Claudius: Nous sommes venus pour vous avertir que l'armée de la République marche sur Rome et que nous estimons nécessaire de parvenir à un accord pour… GM (le coupant): Oh, mais nous avons très compris! Nous aussi nous avons un message à faire passer à Sulla. (S'adressant à l'Anti-Sénat): Tuez-les! Claudius et les autres n'eurent même pas le temps de porter la main à leur glaive. Les sbires de Sulpicius se jetèrent sur eux et massacrèrent tous les officiers. Marius buvait avidement la scène sanglante du regard. GM: Jetez leurs cadavres dans le fleuve! Tous ceux qui soutiennent l'armée de Sulla sont désormais des traîtres à la République! Vous pouvez donc prendre leurs maisons, leurs femmes et leurs biens! (Le regard allumé d'une rage folle): je vous autorise aussi à aller faire une visite "de courtoisie" à ses amis… L'Anti-Sénat se dispersa. Sur les marches de la Curie, Sulpicius s'était figé. Son regard restait fixé sur les flaques de sang. "Je n'ai pas voulu cela. Je suis allé trop loin en me liant à Marius. Je dois mettre fin au massacre", pensa-t-il. Gaius Marius était désormais le véritable maître de Rome et il comptait bien le faire comprendre à Sylla. GM (sa vengeance satisfaite pour le moment): Sulpicius, puisque le Sénat est réuni, autant en profiter pour désigner les nouveaux consuls. S (sortant de sa torpeur): Les nouveaux consuls…? Sans élections ?!? GM: Pour quoi faire? Via Appia, au nord de Tarracina, 5 jours avant les calendes d'octobre Sylla avait décidé de ralentir un peu sa marche sur Rome. Intérieurement, il espérait toujours pouvoir éviter de faire entrer ses légions dans Rome. Il craignait à juste titre d'avoir à faire un carnage contre son propre peuple. A toutes les personnes qui fuyaient en direction de la capitale, il expliquait que la population n'avait rien à craindre d'une armée romaine, qu'il s'agissait "seulement" d'aller chasser les ennemis de la République. "Qui sont-ils?" lui demandait-on. Et il répondait: "Le tribun de la plèbe Publius Sulpicius… et Gaius Marius". Sylla était sincèrement peiné de voir les yeux du peuple s'agrandirent de surprise au nom de Gaius Marius, désigné comme ennemi de la République. Ses légionnaires leur racontaient toute l'histoire et beaucoup se refusaient encore à le croire. "Que jamais je ne lise un jour la désillusion dans les yeux de mes concitoyens lorsqu'ils prononceront mon nom, comme je la lis aujourd'hui lorsqu'ils évoquent Marius", se jura alors Sylla. Après une nouvelle bonne journée de marche, Sylla décida d'arrêter ses troupes pour cette nuit encore au bord de la mer, après avoir dépassé Tarracina. Le camp de fortune était en train de se monter, tandis qu'une nouvelle délégation demanda à rencontrer les consuls. Sylla et Pompeius virent arriver Lucius Valerius Flaccus, un sénateur plutôt en faveur auprès des Italiques. "Qu'est-ce qu'il vient faire ici celui-là", se demanda Sylla. En effet, les Flaccus ne faisaient pas vraiment parti de son cercle amical. VF: Ave consuls! LS et PR: Ave Valerius Flaccus. Qu'est-ce qui nous vaut l'honneur de ta visite? VF (courroucé): Charmant votre accueil à la légion! Un peu plus et votre armée me mettait en pièce! LS et PR: L'armée de la République, nous te prions. Nous représentons le Sénat et la République, Valerius. VF: Oui, je vois ça… J'ai vu tes officiers hier matin à Rome, Sulla. J'ai tout de suite compris que vous ne plaisantiez pas… J'ai pris sur moi de venir de la part du Sénat pour entamer les négociations avec vous en son nom. (Encore incrédule): Vous n'allez pas attaquer Rome quand même? LS: Valerius, il est effectivement temps que notre "Sénat de campagne" se réunisse pour trouver une issue raisonnable à cette crise, dit Sylla en prenant Valerius Flaccus par les épaules et en l'invitant à rejoindre Crassus et les Césars. Via Appia, au nord de Setia, 4 jours avant les calendes d'octobre Après une très longue soirée passée à discuter, les premiers membres du Sénat étaient parvenus à un accord face à l'insistance de Valerius Flaccus. Sylla, Pompeius et Lucius Caesar s'étaient finalement résolus à bien vouloir rencontrer Marius, Sulpicius et ce qui restait du Sénat au Temple de Bellone sur le Champ-de-Mars afin de régler pacifiquement la crise politique qui secouait Rome. Les troupes s'avanceraient jusque sous les murs de Rome, mais sans pénétrer à l'intérieur du pomerium, ce qui allait rassurer la population. Sylla et Pompeius pourraient ainsi rencontrer le Sénat sur un terrain militaire, tout en respectant les lois votées par l'assemblée du peuple. Flaccus avait quitté le camp à l'aube très satisfait. En galopant vite, il arriverait à Rome dans la soirée. Il était encore persuadé de pouvoir éviter la guerre civile entre Marius et Sylla. Cependant, en cours de route, son optimisme s'évanouit en voyant d'autres cavaliers descendre vers Sylla. "Marius est devenu complètement fou!" Et il galopa littéralement ventre à terre jusqu'à Rome. En début de matinée, Caesar Strabo alla chevaucher aux côtés de Sylla. CS: Tu vas vraiment te rendre à Sulpicius et accepter ses lois? LS (plus rusé que jamais): Mon cher Vopiscus, l'important, c'est d'avoir réussi à le faire croire à Valerius Flaccus. Et si Marius et Sulpicius peuvent le croire aussi, tant mieux. Qu'ils viennent seulement poser un pied au Temple de Bellone et nous les ferons aussitôt déclarer hostis. CS: Je n'aimerais vraiment pas être ton ennemi, répondit l'ancien édile en frissonnant. En fin de matinée, l'armée était en vue de la petite ville de Satricum. Au loin, sur la Via Appia, deux cavaliers avançaient lentement. L'un d'eux semblait vieux et très mal en point. Le sang de Sylla se figea dans ses veines lorsqu'il reconnu son intendant Manius. Il galopa vers lui. En le voyant arriver, l'autre cavalier mit pied à terre. Il s'agissait de Lucius Fufidus, l'un des meilleurs amis de feu Marcus Aemilius Scaurus. L'imperator sauta à bas de son cheval et se précipita vers Manius. Celui-ci respirait encore, mais à grand peine. Sylla l'étendit sur l'herbe. Son esclave avait une vilaine blessure sur le côté. "Tuccius!!" hurla Sylla en réclamant son médecin. Fufidius était encore en état de choc. "Que s'est-il passé?" demanda impérieusement le consul. LF: J'étais avec Dalmatica quand on est venu m'avertir que l'Anti-Sénat de Sulpicius commençait à s'en prendre à tes amis. Marius a décrété que tous ceux qui soutenaient ton armée devaient être considérés comme des traîtres à la République... Les yeux de Sylla reflétèrent alors la terreur pure. LF: Ne t'inquiètes pas pour ta famille, consul. Elle était en permanence entourée d'une garde très bien armée. Pour plus de sécurité, nous avons fait évacuer Dalmatica et tes enfants par les sous-sols vers Tusculum. Ils ont pu sortir de Rome sans se faire remarquer. Chrysogonus est avec eux… Sylla respira à nouveau. LF: Je suis ensuite reparti pour essayer de sauver ceux qui pouvaient encore l'être. Dans les rues, j'ai appris que Marius avait fait assassiner tous tes officiers… Sylla sursauta: "Claudius??" LF: Claudius et les autres. Ils y sont tous passés. Ils les ont tués au pied de la Curie alors que le Sénat devait se rassembler… Sylla serra plus fort la main de Manius. LF: L'Anti-Sénat est allé piller leurs maisons et violer leurs femmes et leurs filles… Un voile rouge passa devant les yeux de l'imperator. Sylla voit rouge LF: D'autres s'en sont pris à tes amis du théâtre. Metrobius et Roscius ont réussi à s'enfuir en mettant le feu à leur propre maison… LS (le cœur chauffé à blanc): Continue Fufidius… LF: Lysandrilla et ses amies n'ont malheureusement pas pu en réchapper, et je ne pouvais absolument rien faire pour les sauver des sbires de Sulpicius… Sylla cru que son cœur allait éclater. Lysandrilla était sa fidèle maîtresse depuis des années. LF: Ils ont aussi profané la tombe de Nicopolis… Pardonnes-nous, Sulla. J'ai vu qu'ils avaient fini par attraper Manius. J'ai voulu aller le sauver et je me suis fait avoir, moi aussi. On m'a conduit devant Marius… Il m'a dit de te transmettre un message… Et il a poignardé Manius devant moi, qu'il te réservait le même sort si jamais tu t'approchais de Rome… Sylla demeura stoïque, comme hors du seuil de douleur, et il consacra toute son attention sur son vieil esclave. Tuccius était en train d'arriver. Manius essaya de parler. Manius: Mon bon maître… Au moins, mes yeux peuvent encore te contempler une fois, dominus… LS: Manius, nous allons te soigner… Manius: J'aurais… juste un souhait à exprimer… de la part d'un vieil esclave… sur le point de mourir…. LS: Tout ce que tu voudras! Manius: J'aimerai juste… que l'on sème mes cendres… dans ton jardin… à Tusculum… au milieu des fleurs… LS (les yeux brillants): Accordé! Je te jure de t'ériger un splendide bûcher funéraire! Toute l'armée s'y mettra! 30000 légionnaires assisteront à tes funérailles! Tu partiras en apothéose! La vie était en train de quitter le corps du pauvre Manius, qui voulu encore prononcer quelques mots. Manius: Je meurs… heureux… dans les bras… de celui… que j'ai toujours considéré comme un fils… LS: Tu meurs dans les bras d'un homme qui t'a toujours considéré comme un second père… Le vieil homme expira sur ces mots. Sylla ferma doucement ses paupières. Fufidius s'était assis impuissant. Pompeius s'était rapproché et pleurait. Ce décès lui rappelait trop celui de son propre fils. Lucius et Gaius Caesar avaient l'impression de revivre la mort de leur sœur Iulia. Lorsque Sylla se redressa, des larmes coulaient sur sa figure couperosée. En le voyant, avec son teint encore plus rouge sous l'effet de l'émotion, les sénateurs crurent que l'imperator pleurait des larmes de sang. Sylla les toisa tous du regard, comme dans une attitude de défi, et dit d'un ton résolu: "Je vais tuer Marius de mes propres mains!" |