ATHENES TOMBE

Cependant, malgré sa résistance, Athènes était à bout et un événement précipita la chute de l'antique cité. ''Des espions de Sylla, ayant entendu des vieillards qui s'entretenaient dans le Céramique se plaindre de ce que le tyran ne faisait pas garder le côté de la muraille qui regardait le quartier appelé l'Heptachalcos, le seul que les ennemis pussent facilement escalader, allèrent sur-le-champ en avertir Sylla, qui, profitant de cet, avis, et s'y transportant la nuit même, reconnut que ce poste était facile à emporter, et disposa tout pour l'attaque'', relate Plutarque. Le jour des calendes de mars, Sylla passe à l'offensive de nuit, par surprise. Ses légionnaires escaladent les murs avec les échelles, pendant que d'autres percent la muraille à l'endroit le plus faible. Le premier légionnaire en haut de la muraille est un certain Marcus Teius. Un homme fort qui brisa son épée contre la tête d'un ennemi et tint bon la place, face à des Athéniens sous-alimentés. La résistance à l'assaut romain fut donc très faible, et les légionnaires entrèrent dans la ville. Ce fut un véritable carnage.

L'Agora d'Athènes

Sylla ''entra dans Athènes sur le minuit, dans un appareil effrayant, au son des clairons et des trompettes, aux cris furieux de toute l'armée, à qui il avait laissé tout pouvoir de piller et d'égorger, et qui, s'étant répandue, l'épée à la main, dans toutes les rues de la ville, y fit le plus horrible carnage'', raconte Plutarque. Le proconsul avait en effet promis à son armée les richesses de l'Orient: il leur livra donc Athènes. Les légionnaires de Sylla découvrirent que dans beaucoup de maisons, de la chair humaine s'apprêtait à être mangée.

Quand les Athéniens virent les légionnaires entrer dans la ville, certains se jetèrent volontairement sur les glaives romains. ''Il y en eut aussi un grand nombre qui se donnèrent eux-mêmes la mort, par la douleur et le regret que leur causait la certitude de voir détruire leur patrie. C'est ce qui jeta dans le désespoir les plus honnêtes gens, et qui leur fit préférer la mort à la crainte de tomber entre les mains de Sylla, de qui ils n'attendaient aucun sentiment de modération et d'humanité'', explique Plutarque.

Sylla sans pitié pour Athènes

A la fin de cette terrible nuit, ''cédant aux prières de Midias et de Calliphon, deux bannis d'Athènes, qui se jetèrent à ses pieds, et aux vives instances de plusieurs sénateurs romains qui servaient dans son armée, et qui lui demandèrent grâce pour la ville, sans doute aussi rassasié de vengeance, il fit l'éloge des anciens Athéniens, dit qu'il pardonnait au plus grand nombre en faveur du plus petit, et qu'il accordait aux morts la grâce des vivants'', rapporte Plutarque. Sylla interdit donc à ses soldats de brûler Athènes. ''Le jour suivant, Sylla vendit les esclaves aux enchères. Aux hommes libres qui avaient échappé au carnage de la nuit précédente, il en restait peu, il promit la liberté, mais il leur enleva le droit de vote par bulletin ou à main levée parce qu'ils avaient fait la guerre contre lui. Les mêmes restrictions furent appliquées à leur progéniture'', relate Appien.

L'Acropole

Dès que l'armée romaine fut entrée en ville, Aristion, avec quelques autres citoyens, s'était précipité vers la citadelle de l'Acropole. Dans sa retraite, Aristion n'a pas hésité à brûler l'Odéon, pour que Sylla ne puisse pas se servir du bois de construction pour donner l'assaut à l'Acropole. Sylla mit donc le siège de l'Acropole avec une garnison et laissa son lieutenant Curion en terminer avec le tyran grec.

LA PRISE DU PIREE

Après la prise d'Athènes, Sylla voulu en finir avec le long siège du Pirée. Galvaniser par leur récente victoire, les Romains lancent une nouvelle attaque massive contre Archélaos. Sylla vise à nouveau la partie faible du mur que les Asiatiques n'arrêtent pas de reconstruire, avec toute son artillerie lourde: béliers, flèches, catapultes, boulets, tours d'assaut. En outre, les légionnaires se mettent à creuser les murs à l'abri derrière les formations en tortues. Sous les coups de boutoirs romains, le mur affaibli cède à nouveau. Mais, mauvaise surprise pour les Romains, Archélaos a fait construire d'autres murs de protection à l'intérieur du Pirée! Cela ne découragea pas Sylla pour autant. ''Il continuait avec une inlassable énergie, il remplaçait souvent ses hommes, il était partout présent au milieu d'eux, les exhortant et leur montrant que tout leur espoir de récompense dépendait de l'accomplissement du reste de leurs travaux. Les soldats aussi croyant que ce serait en fait la fin de leurs dures épreuves, étaient stimulés au travail par l'amour de la gloire et à la pensée que ce serait un exploit splendide de s'emparer de murs tels que ceux-là, c'est pourquoi ils pressaient l'adversaire vigoureusement'', relate Appien. Du côté des Pontiques, les pertes étaient terribles, car Archélaos s'acharnait lui aussi à sauver ses murs et le Pirée. ''Ces gens-là sont fous!'' finira par s'exclamer Archélaos devant l'obstination de Sylla. Mais, le dernier mur abattu, Archélaos céda et il se replia derrière les derniers murs de la presqu'île, dans la partie complètement entourée par la mer. Sylla ne disposant pas de navires, il ne pouvait atteindre Archélaos. Celui-ci réussit donc à s'enfuir. A la suite de cette nouvelle victoire, Sylla fit brûlé le Pirée, puis rasa ce qu'il en restait.

Après le passage de Sylla, il ne restait presque plus rien de l'Attique: les longs murs et le Pirée ont été entièrement rasés, Athènes affamée et pillée. La Rome de Sylla affirmait sa suprématie définitive sur la Grèce édifiée par Périclès…

HORTENSIUS REJOINT SYLLA

Alors qu'Archélaos s'enfuit avec troupes et navires vers la Thessalie via la Béotie, arrivent enfin les troupes de Dromichiaitès et celles de feu Arcathias, empoissonné par Mithridate à cause de son incompétence, plus de nouvelles recrues commandées par le général Taxile. Taxile s'empare des Thermopyles et commence le siège de la forteresse d'Elatée qui lui barrait la route d'Athènes. Début mars, Taxile apprit qu'Athènes était tombée, ainsi que le sort réservé au Pirée et le repli d'Archélaos. Taxile invita donc Archélaos à le rejoindre et à prendre le commandement en chef.

Après avoir fait raser le Pirée, Sylla se décide à marcher contre Archélaos. En fait, il n'avait tout simplement pas le choix. Archélaos ''se tenait toujours dans le port de Munychium sans vouloir s'éloigner de la mer; et, n'osant pas se mesurer avec les Romains, il cherchait à traîner la guerre en longueur, et à couper les vivres aux ennemis. Sylla, qui connaissait encore mieux que lui le danger de sa position, quitta le pays maigre de l'Attique, qui n'aurait pu le nourrir même en temps de paix, et passa dans la Béotie. La plupart de ses officiers jugèrent qu'il faisait une grande faute en quittant un pays montueux, difficile à des gens de cheval, pour aller se jeter dans les plaines découvertes de la Béotie, lorsqu'il n'ignorait pas que la force des Barbares consistait surtout dans la cavalerie et dans les chars'', explique Plutarque. Mais entre temps, Sylla a obtenu de bonnes nouvelles. En effet, les premières troupes du consul Lucius Valerius Flaccus sont tant bien que mal arrivées en Grèce. La traversée de l'Adriatique a été très difficile. Les Romains ont subi une grosse tempête et plusieurs navires ont coulé. Or, ces légionnaires là, placés sous le commandement de Lucius Hortensius, ''un général très éminent et très versé dans l'art de la guerre'' selon Dion Cassius, détestent cordialement leur nouveau consul, à tel point qu'à peine débarqués, ils se dépêchent d'aller rejoindre Sylla. Taxile, informé de l'arrivée d'Hortentius, veut empêcher la jonction des deux armées romaines et regroupe ses forces aux Thermopyles. Apprenant l'arrivée d'une nouvelle armée romaine, Archélaos n'hésite plus et va rejoindre Taxile aux Thermopyles.

Le défilé des Thermopyles

Sylla laissa Gaius Scribonius Curio, un des légats, continué le siège de l'Acropole, et il se dirigea à la rencontre d'Hortensius. Voyant l'armée d'Archélaos et de Taxile bien supérieure en nombre à la sienne, et alors qu'il se trouvait dans un terrain trop défavorable pour les affronter, il se montra encore une fois le plus malin et il réédita sa ruse utilisée contre Mutilus pendant la Guerre Sociale. ''Se voyant surpris en un lieu désavantageux par la multitude des ennemis, il leur fit des propositions de paix. Puis mettant à profit le temps de la trêve, et ayant par là détourné l'attention de l'adversaire, il lui échappa'', nous révèle Frontin. Sylla voulait gagner du temps. En effet, il avait envoyé Caphys aider Hortensius. ''Caphys, qui était du pays, trompa les Barbares; et, faisant prendre un autre chemin à Hortensius, il le mena par le mont Parnasse au-dessous de Tithore. Hortensius, s'étant campé au-dessous de cette forteresse, repoussa les ennemis pendant le jour, et quand la nuit fut venue, il descendit, par des chemins difficiles, jusqu'à Pétronide, où il joignit Sylla, qui était venu au-devant de lui avec son armée'', relate Plutarque. Sylla était certes très heureux de voir arriver 6000 hommes en renfort, qu'il débauchait en outre au camp des populares, mais s'il ne voulait pas se faire doubler par Flaccus, il lui fallait d'urgence en finir avec Mithridate.

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