LES VENTES AUX ENCHERES

Lucius Sylla avait plusieurs choses à régler dès le début de sa dictature. L'une d'elles concernaient les proscriptions. Fin décembre, l'édit de proscriptions se transforma en Lex Cornelia de hostibus rei publicae sur les ennemis de l'Etat. Cette loi concernait tous ceux qui avaient pris les armes contre la patrie depuis le moment où les négociations entre Lucius Scipio et Lucius Sulla avaient été rompues par Quintus Sertorius, et reprenant toutes les dispositions de l'édit. Une liste de toutes les personnes concernées était annexée à cette loi. Le dernier article de cette loi concernait tous ceux qui étaient morts en combattant la patrie: leurs biens étaient confisqués. Cependant, Sylla tenait à tout faire dans la légalité et les récompenses offertes à ceux ayant aidé à la capture d'un proscrit furent consignés dans un registre officiel.

Sylla considéraient les biens confisqués comme un butin de guerre, voire comme son butin personnel. Afin de renflouer les caisses de l'Etat, mais aussi de récompenser tous ses partisans, Sylla installa un tribunal au Temple de Castor et Pollux, qui surplombe le Forum, avec une lance symbolique fichée en terre, et procéda lui-même à la vente aux enchères des biens des proscrits. Sylla fit ainsi passer entre ses mains la somme colossale de 2 milliards et demi de sesterces. Il n'est doncpas faux de dire que la répression syllanienne visait en priorité les riches. Sylla pillait légalement ses riches ennemis et partageait le butin entre l'Etat et ses partisans. Cela lui valut cependant la réputation d'un homme avare et cruel, dans le sens où il n'épargnait absolument rien à ses ennemis, ni leurs vies, ni leurs biens.

Les marches du temple de Castor et Pollux

Beaucoup de personnes profitèrent de ces ventes aux enchères, en premier lieu l'Etat dont Sylla renfloua les caisses à la hauteur de 350 millions de sesterces, selon Tite-Live. Ensuite, sa proche famille, sa fille Cornelia rachetant la villa de Marius à Misène pour seulement 75 000 deniers. Ses partisans aussi, Crassus, l'ancien réfugié dans une grotte et qui ne possédait plus rien deviendra, grâce aux ventes aux enchères de Sylla, l'homme le plus riche de Rome. Mais Marcus Crassus usa un peu trop de son alliance avec Sylla pour s'enrichir sur le dos des proscrits, ce qui ne fut pas du tout du goût du dictateur. Déjà, ''à la prise de la ville de Tuder en Ombrie, il fut soupçonné et accusé auprès de Sylla d'avoir détourné à son profit la plus grande partie du butin'', rapporte Plutarque. Suite aux services rendus à la bataille de la Porte Colline, Lucius Cornelius avait fermé les yeux sur cette affaire. Il en allait tout autrement des proscriptions: ''Dans les ventes des biens confisqués, il fut généralement décrié, pour en avoir acheté à très vil prix et s'en être fait donner de très considérables. Il fut accusé d'avoir proscrit un citoyen dans le pays des Bruttiens, sans que Sylla lui en eût donné l'ordre, et par le seul motif de s'emparer de ses richesses. Sylla, qui en fut instruit, ne l'employa plus dans aucune affaire publique'', ajoute Plutarque.

Beaucoup des partisans de Sylla profitèrent des proscriptions. Ainsi, Lucius Domitius Ahenobarbus acquit une fortune suffisante pour entretenir une légion! Le centurion Lucius Luscius, qui avait rapporté à Sylla la tête de trois proscrits, acheta des maisons et des terres avec cet argent. Jusqu'au 1er juin, date à laquelle les ventes devaient cesser, Sylla veilla à récompenser tout ceux de son parti, jusqu'aux veuves, intervenant parfois lors d'une enchère pour céder un bien à l'un des siens, comme le rapporte Plutarque: ''à la vue de tout le peuple, ayant à vendre une grande fortune, il la fit adjuger, sur la première offre venue, à l'un de ses amis. Quelqu'un enchérit; mais, quand le crieur public annonça le montant de l'enchère, Sylla se montra fort mécontent et déclara: ''Oui, chers concitoyens, on me persécute et on me tyrannise en m'empêchant de disposer, à mon gré, des dépouilles qui m'appartiennent!''. Mais d'autres citoyens profitèrent aussi de ces ventes, et Cicéron, qui assista en personne à la scène, nous raconte que Sylla ''qui, dans une assemblée publique, ayant reçu d'un mauvais poète du peuple un placet accompagné de quelques distiques, fit donner aussitôt en récompense à cet homme une partie des dépouilles qu'il vendait alors, mais à condition qu'il ne ferait plus de vers''. Comme quoi, Lucius Cornelius s'amusait beaucoup en organisant ces ventes et amusait aussi le peuple romain. Cependant, les délaissés de la dictature syllanienne donnèrent une toute autre image de ces ventes, comme le rapporte Plutarque: ''Il vendait à l'encan les biens qu'il avait confisqués; du haut de son tribunal, il présidait lui-même à ces ventes, mais avec tant d'insolence et de despotisme, que les adjudications qu'il en faisait étaient encore plus odieuses que la confiscation même. Des courtisanes, des musiciens, des farceurs, des affranchis, qui étaient les plus scélérats des hommes recevaient des pays entiers, ou tous les revenus d'une ville''.

LES CORNELII

Avec les proscriptions, le dictateur affranchit 10 000 esclaves appartenant aux sénateurs et chevaliers qu'il avait proscrit. Tous prirent les noms de leur ''libérateur'', Lucius Cornelius. Ces 10 000 affranchis, pour la plupart des hommes jeunes, se regroupèrent rapidement en une association politico-religieuse qui resta active très longtemps. Beaucoup crurent donc qu'avec cette disposition, Sylla disposait en permanence dans Rome d'une armée civile toute dévouée à sa cause… "Il incorpora d'autre part au peuple, après les avoir affranchis, les plus jeunes et les plus robustes des esclaves ayant appartenu aux victimes des proscriptions; ils étaient plus de 10 000 et il fit d'eux des citoyens romains en leur donnant le nom de Cornelii d'après son nom à lui. Il agissait ainsi afin de disposer dans le peuple de dix mille individus prêts à obéir à ses ordres" rapporte Appien.

LES PREMIERES MESURES SENATORIALES

Pour gouverner, le dictateur avait aussi besoin du Sénat, or, le Sénat, suite à la Guerre civile et aux proscriptions atteignait à peine les 150 membres. Il fallait donc remplir les rangs du Sénat pour atteindre les 300 membres. Sylla procéda donc à une Lectio senatus et recruta les nouveaux sénateurs parmi ceux ayant combattu à ses cotés contre Marius et Carbo et ayant la fortune nécessaire pour siéger. Ainsi, Sylla fit entrer au Sénat jusqu'à de simples soldats. Lucius Cornelius réussit donc rapidement à créer une sorte de sénat militaire majoritairement dévoué à ses réformes. Ensuite, le dicteur fit voter la Lex Cornelia Sullae de magistratibus afin de régler le cursus honorum, bien malmené ces dernières années par Gaius Marius et ses partisans. Ainsi, l'on ne pouvait désormais être consul si l'on n'avait pas été élu questeur et préteur auparavant. Selon la nouvelle loi, il était donc impossible de cumuler les mandats de consuls à la suite. La République reprenait son cours normal. En outre, Sylla fit passer les élections consulaires en juillet ainsi que celles des questeurs, mois pendant lequel se déroulaient déjà celles des préteurs, et non plus en automne. Certes, toutes les élections auraient lieux en même temps, mais cette nouvelle disposition allait considérablement affaiblir le pouvoir des consuls pendant la seconde partie de l'année, car ils seraient directement en concurrence avec leurs successeurs. Nombre d'auteurs ont dit par la suite que Sylla avait fait beaucoup pour le parti de la noblesse, rien n'est moins sûr, dans la mesure où il a affaibli le rôle des consuls et l'appareil exécutif de la République…

LES LEX CORNELIA SULLAE

Sylla, une fois le plus urgent réglé, commença à réformer la République en promulguant toutes une série de lois. Le Sénat tout d'abord:

- Lex Cornelia Sullae de senatum ex Equestri Ordine: le nombre de sénateurs passe de 300 à 600. Cette loi faisait suite à l'inscription des nouveaux citoyens Italiques dans 35 nouvelles tribus et non dans les 35 romaines déjà existantes ces dernières années. En conséquence, le Sénat devait suivre la même logique et le nombre des sénateurs être doublé. Le dictateur s'occupa en personne de choisir neuf personnes dans chaque nouvelle tribu, possédant au moins 400 000 sesterces, soit la somme requise pour appartenir à l'ordre équestre. Ensuite, les citoyens votaient pour les admettre au Sénat. Personne ne vota contre, et ce furent ainsi 315 nouveaux sénateurs, parmi les plus riches d'Italie qui entrèrent au Sénat. Après les proscriptions, par cette mesure, Sylla se réconcilia autant avec l'ordre équestre qu'avec les Italiques.

- Lex Cornelia Sullae de Vigiti Quaestoribus: les questeurs passent de 12 à 20.

- Lex Cornelia Sullae de Praetoribus Octo Creandis: les préteurs passent de 6 à 8.

- Lex Cornelia Sullae de Provinciis Ordinandis: organise le gouvernement des provinces. Tout d'abord, Sylla réorganise l'Empire romain en dix provinces en créant la province de Gaule Cisalpine. Avec une augmentation du nombre des préteurs, il fallait redéfinir les rôles et les affectations des gouverneurs de provinces. Les deux consuls et les 8 préteurs (le préteur urbain et le préteur pérégrin s'occupant de la justice civile, les six autres de présider les cours de justice) ne s'occuperaient plus des provinces. Le cumul des charges est donc interdit. Le gouvernement des provinces serait attribué aux magistrats de l'année précédente avec le titre de proconsul. Les deux anciens consuls s'occuperaient des deux provinces réclamant une intervention militaire ou un maintien de l'ordre plus important, et les huit anciens préteurs obtenaient les provinces les plus pacifiques. Ainsi, un gouverneur ne pourra plus quitter sa province pendant son mandat. Il ne pourra déclarer une guerre ou intervenir militairement sans un ordre préalable du sénat. Le gouverneur devra respecter les Alliés et Amis du Peuple Romain. Si un gouverneur ne respecte pas cette loi, il est déclaré ennemi d'état. D'autre part, les gouverneurs de provinces gardent leur titre et leurs prérogatives tant qu'il ne sont rentrés à Rome. En outre, lorsqu'un nouveau gouverneur arrive dans une province, l'ancien doit l'avoir quittée sous trente jours. Enfin, lorsqu'une province envoyait une ambassade à Rome, elles devaient limiter leurs dépenses.

- Lex Cornelia Sullae de Maiestate: loi contre l'abus de pouvoir. Tout citoyen levant des troupes sans autorisation, tout magistrat coupable d'attenter à la dignité de l'état, tout tribun ou démagogue fomentant des désordres, et tout individu proférant des propos diffamatoires en public encourent la peine de mort.

- Lex Cornelia Sullae de Censoribus: Sylla supprime les censeurs. Les censeurs étaient tenus de mettre à jour l'album, c'est-à-dire le registre des personnes admises au Sénat. Ils surveillent la collecte des impôts et l'attribution des marchés des travaux publics. Les censeurs possédaient un pouvoir absolu. Sylla voulant réformer le mode de recrutement des sénateurs, il supprima purement et simplement les censeurs et s'occupa lui-même de remplir leur rôle.

Une inscription de Sylla dictateur

Ensuite, le Dictateur s'occupa des tribuns de la plèbe, la plaie de la République ces dernières années avec Saturnius, Marcus Livius Drusus et Sulpicius, qui profitèrent des trop grands pouvoirs accordés aux tribuns pour semer la sédition dans Rome. Sylla allait s'occuper de brider leurs pouvoirs:

- Lex Cornelia Sullae de Tribunis Plebis: un tribun ne pourra plus intercéder contre un décret pris par un magistrat, à l'exception des cas particuliers visant à défendre un citoyen. D'autre part, les tribuns de la plèbe devront soumettre leurs propositions de lois à l'approbation préalable du Sénat. Leur droit de véto est supprimé, sauf lorsqu'il s'agit de défendre les intérêts d'un citoyen, le ius auxilii. En outre, ceux qui viseraient la charge de tribun de la plèbe ne pourraient en aucun cas prendre part au cursus honorum. Les tribuns de la plèbe perdaient donc tout pouvoir.

Puis Sylla s'occupa des tribunaux et de la Justice:

- Lex Cornelia Sullae de Iudicaria: les jurys sont transférés de l'ordre équestre vers les sénateurs. Sylla abolissait ainsi une loi des Gracques. Et grâce à Sylla, le Sénat reprenait partout le pouvoir.

- Lex Cornelia Sullae de Falsis: Loi sur les faux testaments qui punit celui qui aurait écrit, scellé, lu, représenté un testament ou tout autre acte faux; et celui qui aurait fait, gravé ou apposé un faux cachet, sciemment et à mauvaise intention. La peine est, contre les esclaves, le dernier supplice, de même que dans la loi sur les sicaires et les empoisonneurs; et contre les hommes libres, la déportation.

- Lex Cornelia Sullae de Sicariis et Veneficiis: création de tribunaux permanents pour juger les crimes.

- Lex Cornelia Sullae Proconsulares Rationes: les juges corrompus et les gouverneurs de provinces accusés de détourner de l'argent ou qui ne rendent pas leurs comptes à Rome sont punis et les amendes sont élevés au quadruple du préjudice.

- Lex Cornelia Sullae de Repetundis: punit la concussion. Juge tous les cas de malversation et de détournement d'argent public. Celui qui est reconnu coupable est condamné à une amende de deux fois et demie le montant détourné et à une interdiction d'eau et de feu.

- Lex Cornelia Sullae de sentencia Feranda: lors d'un procès, avant que la sentence ne soit rendue, l'accusé a le droit de choisir si la sentence doit être prononcée à haute voix ou écrite.

- Lex Cornelia Sullae de Rejection Judicum: contrairement aux sénateurs, les chevaliers et les plébéiens ne peuvent récuser plus de trois juges lors d'un procès.

- Lex Cornelia Sullae de Injuriis: cette loi accorde une action d'injures à celui qui se plaindrait, soit de ce qu'on l'a maltraité ou battu, soit de ce qu'on a forcé l'entrée de sa maison.

- Lex Cornelia Sullae de ambitu: tout candidat aux élections convaincu de fraude sera exclu de toute élection pendant dix ans.

- Lex Cornelia Sullae de Captivis: celui qui a été capturé, par les pirates par exemple, ce qui était assez courant à l'époque, ne peut faire son testament tant qu'il est esclave. Son testament fait pendant sa captivité est valable de droit s'il regagne le territoire romain.

- Lex Cornelia Sullae de Vis Publica: punit les actes de violence publique.

- Lex Cornelia Sullae de Adpromissio: loi sur le cautionnement et la limitation de l'endettement. Le taux maximum de cautionnement est de 20 000 sesterces. Il était interdit à toute caution, en quelque forme qu'elle se fût obligée (sponsio, fidepromissio, fidejussio) de garantir les dettes d'un même débiteur envers un même créancier dans le courant d'une année, pour une somme supérieure au taux légal.

- Lex Cornelia Sullae Nummaria : il s'agit d'une loi contre les faux monnayeurs.

Une autre inscription de Sylla dictateur

Enfin, Sylla procéda à une réforme religieuse:

- Lex Cornelia Sullae de Pontificum augurumque collegiis: le nombre des membres du Collège des pontifes passent à 15 au lieu de neuf, et le nombre des augures passe aussi de neuf à 15.

- Lex Cornelia Sullae de Sacerdotiis: les prêtres et les augures cessent d'être élus. Ils sont cooptés. Seul le Pontifex Maximus continue d'être élu.

LE SORT DES VILLES ITALIENNES

Lucius Sylla n'éprouve aucune pitié pour ses ennemis déclarés, qu'ils soient romains ou italiens. Comme les Samnites, les Italiens ayant soutenu Marius et Carbo allaient payer très cher le fait de ne pas s'être rallié à lui. Ainsi, les proscriptions étaient étendues à tous ceux qui avaient pris les armes contre Sylla, donc contre la République. Et les règlements de comptes entre optimates et populares dans toute l'Italie furent aussi furieux qu'à Rome. Sylla, comme en Grèce ou en Asie, mit non seulement les citoyens à l'amende, mais aussi les villes: ''Sylla étendit sur elles le fléau de sa vengeance. Ici, il fit démolir les citadelles; là, il fit raser les murailles. Tantôt il imposa des amendes publiques, tantôt il exigea de très onéreuses contributions'', ajoute Appien. Furent frappées de très lourdes amendes les villes d'Arretium, Florentia, Interamnium, Larinum, Praeneste, Spoletium et Volaterrae. Et la ville de Sulmone qui connu le même sort que le Samnium: ''Quant à Sulmone, une vieille ville, alliée et amie de Rome, elle fut victime d'un attentat abominable. Sylla ne la prend point d'assaut ni ne l'assiège pas conformément au droit de la guerre; mais de même qu'on fait conduire au supplice les condamnés à mort, il ordonne la destruction de la ville, après l'avoir condamnée'', rapporte Florus. Quant à Norba, la ville résista encore quelques mois. Sylla avait envoyé Marcus Aemilius Lepidus tenir le siège devant la cité. Une nuit, après une trahison, Lepidus fit entrer ses troupes mais personne ne voulait se rendre ou se faire tuer par les Romains, et tous les habitants se suicidèrent. Certains se donnèrent la mort avec un glaive, d'autres se pendirent, d'autres enfin, mirent le feu à leurs maisons, et toute la ville finit réduite en cendres.

LES LEGES CORNELIAE AGRARIAE

L'une des préoccupations principales de Sylla était la question des terres pour les vétérans de ses légions. Auparavant, les soldats qui composaient l'armée romaine était des citoyens possédant des terres, mais avec les diverses guerres se développant dans l'Empire, il fallait recruter davantage de soldats. Gaius Marius recruta donc parmi les capite sensi, les citoyens les plus pauvres. Or, lorsqu'ils sont démobilisés, ces soldats pauvres obtiennent grâce à Marius des terres prises sur l'ager publicus. Mais ces terres publiques appartenant à Rome où Marius a installé ses vétérans se trouvaient alors en dehors de l'Italie. Sylla avait alors a démobilisé 23 légions ayant combattues pour lui, soit près de 120 000 hommes. Et ils savaient où il allait les installer…

Tout d'abord, le dictateur s'occupa de la question de la citoyenneté. Sylla accorda la citoyenneté romaine à certains habitants d'Espagne, de Gaule ou de Sicile, tandis que par la Lex Cornelia Sullae de Civitate, il l'enleva aux villes italiennes ayant soutenu Marius, Cinna, Carbo, etc. et confisqua leurs terres. Parmi les villes touchées, Arretium et Volaterrae. Parmi les régions touchées, l'Etrurie, le Latium, l'Ombrie et la Campanie. La loi leur confisquait leurs terres et leur droit de citoyenneté, mais laissait aux habitants le droit d'hériter et d'aliéner leurs biens. Ces terres confisquées passèrent tout d'abord dans l'ager publicus, puis Sylla promulgua plusieurs lois agraires, ordonnant de partager les terres confisquées aux proscrits et aux Italiens ayant suivis Marius entre ses 23 légions. C'est ainsi que furent créées les ''colonies de Sylla''. Parmi les plus connues, en Etrurie : Arretium, Volaterrae, Faesulae, Florentia, Chiusum. En Ombrie: Spoletum, Interamna, Tuder, Asculum, Ameria. Dans le Latium: Aricie, Bovillae, Castrimonium, Gavis, Tusculum. En Campanie: Pompeii, Urbana, Capua, Praeneste, Puteoli, Nola, et jusqu'en Corse, à Aleria. Et par la suite, ce sont toute une série de villages qui se sont construits autour des lots inaliénables attribués aux vétérans de Sylla. En effet, on raconte qu'après la destruction de Strabiae, un certain Granius, centurion dans l'armée de Sylla, décida de rester dans la région parce qu'il aimait la pureté de son air. Autour de sa propriété, se créa un village qui s'appela de son nom, Granius. Or, en Italie, de nombreux villages porteraient le nom dérivé de certains vétérans de l'armée de Sylla: Varano, Scanzano, Rovigliano, Pozzano, Sigliano, Orsano, Carminiano, Aurano et Megano. Les terres étaient attribuées en fonction des mérites. Ainsi, un centurion faisant partie des cinq légions qui avaient suivies Sylla depuis la Guerre Sociale recevait 500 jugères (= 125 hectares) de bonnes terres, et un soldat ayant déserté l'armée de Carbo pour rejoindre la sienne, ne recevait que 10 jugères (= 2 hectares) de terre de moindre qualité. En installant ses vétérans dans toute l'Italie, et surtout aux alentours de Rome, Sylla a transformé l'Italie en banlieue de Rome. On ne compta ainsi pas moins de 47 000 vétérans installés en Campanie. Les colonies de Sylla ont ainsi accéléré le développement de la langue latine dans toute l'Italie.

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