SYLLA MAITRE DE LA REPUBLIQUE

Une fois les consuls Gaius Marius et Gnaeus Papirius Carbo morts, mi-novembre, Rome n'avait plus de consuls pour la gouverner. Selon la loi romaine, dans ces cas-là, le Sénat devait désigner un patricien pour assurer un premier interroi. Ce patricien avait lui-même cinq jours pour désigner un second interroi. Ce second interroi avait lui-même cinq jours pour présider des comices afin d'élire des suppléants aux consuls. Sylla, proconsul, achevait les dernières opérations des Guerres Sociale et civile, quand il apprit la nouvelle. Il envoya alors une lettre au Sénat pour que celui-ci nomme un interroi et Lucius Valerius Flaccus, princeps senatus, est désigné interroi pour procéder à de nouvelles élections consulaires.

La désignation de cet interroi fut un signal pour l'ambitieux Sylla. Le Sénat l'avait déjà empêché de déclarer ennemis publics les responsables de la Guerre Civile et il sentait bien que ce même Sénat ne prendrait pas les mesures appropriées pour restaurer la République. Il avait ramené l'ordre dans l'Urbs, terminé les guerres, exercé sa vengeance sur ses ennemis en publiant les fameuses listes de proscriptions et les sénateurs estimaient qu'une fois abrogées les lois de Marius, de Cinna et de Carbo, la République devait reprendre son cours normal. Mais Sylla avait une tout autre idée en tête et certainement pas de se faire élire une nouvelle fois consul. L'idée était bonne mais ressemblait trop aux méthodes de Marius et de Cinna. En outre, les pouvoirs du consul étaient limités. Or, Sylla devait installer ses vétérans, plus de 100 000 hommes, réduire les dernières poches de résistances en Italie afin de pacifier toute la péninsule, et surtout en finir une bonne fois pour toute, légalement, avec les démagogues et les chevaliers. Sylla connaissait bien le droit romain et savait que l'interroi avait aussi la possibilité de nommer un dictateur. A Rome, le Sénat ne nomme un dictateur que dans des cas graves, généralement en cas de guerre, mais aussi pour organiser des élections consulaires. Le dictateur est choisi parmi les anciens consuls, et la durée de son mandat est de six mois maximum. Sous la République romaine, le dictateur possède les pleins pouvoirs, l'imperium, et il se fait précéder de 24 licteurs, car les 12 licteurs qui escortent chaque consul lui sont attribués. C'est donc le titre politique le plus puissant à Rome… Sylla se persuada ainsi que Rome avait besoin d'un dictateur et qu'il était l'homme idéal pour ce poste. D'ailleurs deux de ses ancêtres n'avaient-ils pas été dictateurs? Et comme il respectait profondément le culte des ancêtres et le mos maiorum, il pensait que, dans les circonstances actuelles, il serait conforme à l'esprit républicain que le Sénat le désigne dictateur. En attandant, il n'abandonnerait pas son imperium proconsulaire.

Sylla maître de rome

Dès que Valerius Flaccus fut désigné interroi, il lui adressa une lettre, ''pour le charger de dire au peuple que Sylla était d'avis et croyait utile que, dans les circonstances présentes, on conférât à l'un de ceux que l'on appelait dictateurs le gouvernement de la République, chose qu'on n'avait point vue depuis quatre cents ans. Il ajoutait que celui qu'on choisirait devrait exercer le pouvoir non pour un temps déterminé, mais jusqu'à ce que Rome, l'Italie et tout l'empire romain auraient cessé d'être agités par les séditions et les guerres et auraient repris une assiette fixe. On sentit bien que cette opinion de Flaccus n'était qu'une suggestion de Sylla. Il n'y avait pas le moindre doute. Car Sylla, se mettant à découvert sans nulle dissimulation, avait marqué à Flaccus, à la fin de sa lettre, que si l'on le jugeait convenable, il offrait, dans cette circonstance, ses services à la république'', rapporte Appien. Lucius Valerius Flaccus fit donc ce que Sylla proposait: il soumit au peuple une loi pour la nomination d'un dictateur chargé de rédiger des lois et d'organiser l'Etat, la Lex Valeria dictator legibus scribundis et rei publicae constituendae. L'assemblée des comices vota cette loi à l'unanimité fin novembre. Lucius Valerius Flaccus annonça alors qu'il nommait dictateur Lucius Cornelius Sulla. Sylla, qui entra en fonction en décembre, possédait donc légalement tous les pouvoirs. Il était désormais le ''maître de la République'', selon l'expression de Tite-Live.

Sylla demanda d'emblée la dictature sans limitation de temps car, s'il s'agissait simplement de présider aux élections consulaires pour l'année suivante et d'assurer le pouvoir jusqu'à la fin de l'année, il ne serait resté dictateur qu'un mois, ce qui était très loin d'être suffisant pour réaliser ses projets. Personne n'en fut étonné car tous connaissaient "l'ambition effrenée" de l'Imperator, comme le précise Maxime Valère.

SYLLA DICTATEUR

Après avoir capturé Jugurtha, après avoir battu les Volques Tectosages, après avoir rétablit Ariobarzane sur son trône de Cappadoce, après la couronne d'herbe gagnée devant Nola, après une marche sur Rome, après la prise d'Athènes et du Pirée, après deux victoires contre Mithridate et deux titres d'imperator, après les victoires dans les guerres sociale et civile, Lucius Cornelius Sulla s'adjugeait le gouvernement unique de l'Empire Romain comme ultime récompense. Cependant, la tâche qui l'attendait était immense: il lui fallait réformer les institutions de l'Etat, veiller à ce que les troubles des dernières années ne puissent plus se reproduire, renflouer les caisses de l'Etat, démobiliser les légions, combattre encore les ennemis intérieur et extérieur de l'Empire, etc. Plutarque résuma tout autrement ses fonctions: ''Il se fit donner une abolition générale du passé, et, pour l'avenir, le droit de vie et de mort, le pouvoir de confisquer les biens, de partager les terres, de bâtir des villes, d'en détruire d'autres, d'ôter et de donner les royaumes à son gré''.

Pour respecter le droit romain, le dictateur devait obligatoirement désigner un maître de cavalerie comme chef d'état major. Sylla désigna à ce poste Lucius Valerius Flaccus, pour le remercier de son aide, comme pour prouver au Sénat qu'il était prêt à la conciliation. Cependant, Flaccus n'avait qu'un rôle honorifique et Sylla ne le consulta pas pour rédiger ses lois.

SYLLA ASSASSINE OFELLA

L'une des premières mesures de Sylla fut de procéder aux élections consulaires. ''Afin de paraître conserver quelques restes de l'ancienne forme de gouvernement, Sylla permit au peuple d'élire des consuls'', précise Appien. La campagne électorale se déroula comme à son habitude, les candidats se rendant sur le Forum, sous l'œil attentif de Sylla, procédant à la vente des biens des proscrits devant le Temple de Castor et Pollux. Il était évident que le consulat n'échapperait pas à un de ses partisans, et qu'il choisirait sans doute lui-même la liste des candidats à ce poste. Or, Quintus Lucretius Ofella, revenu de Praeneste, comptait bien obtenir le consulat pour lui, pensant que les services qu'il avait rendu au dictateur seraient suffisants pour avoir droit à cet honneur. Mais Ofella avait grandement surestimé ses liens avec Sylla. Certes, l'Imperator lui avait laissé le commandement de son armée, mais Sylla n'était pas disposé a laissé Ofella briguer le consulat. Soit parce que Lucretius Ofella, ''d'abord préteur de l'armée de Marius'' précise Velleius Paterculus, avait été désigné préteur par Marius sans avoir débuté le cursus honorum et qu'il contrevenait aux lois républicaines en réclamant le consulat, soit parce que Sylla avait déjà promis les consulats à d'autres personnes. Lucius Cornelius demanda donc à Ofella de renoncer à son projet. Mais Lucretius s'entêta. Il passa outre les ordres de Sylla et se rendit au milieu du Forum pour commencer sa campagne électorale, car il se savait populaire, et comptait bien profiter de l'appui du peuple pour faire plier le dictateur. Voyant la manœuvre d'Ofella, Lucius Sylla n'eut pas d'hésitation. Il envoya l'un de ses centurions qui l'entourait, Lucius Bellienus, et lui donna l'ordre d'exécuter Ofella. Le centurion se rendit donc au milieu du Forum, et tua Ofella d'un coup de glaive. Très surpris par ce crime, le peuple romain se saisit immédiatement du centurion et le traîna devant Sylla, siégeant à son tribunal, en hurlant à l'assassinat. Le dictateur réclama le silence et dit à la foule que c'est sur son ordre qu'Ofella avait été tué, et qu'il fallait laisser son centurion tranquille.

DE HEROS MILITAIRE A TYRAN CRUEL

Comme personne parmi le peuple ne comprenait ce qui s'était passé, Sylla convoqua une assemblée pour expliquer cet assassinat: ''Sachez, citoyens, et apprenez par ma bouche que j'ai fait donner la mort à Lucretius parce qu'il m'a résisté''. Et les mots qu'il prononça par la suite furent lourds de menaces: ''Un laboureur, pendant qu'il poussait sa charrue, fut mordu par des poux. Il interrompit deux fois son travail pour éplucher sa chemise. Mais les poux ayant continué de le mordre, il jeta sa chemise au feu, afin de n'être pas obligé de perdre encore son temps à leur donner la chasse. Que les vaincus apprennent de moi, par cet exemple, à ne pas s'exposer à se faire jeter au feu la troisième fois''.

Par l'assassinat d'Ofella, Sylla signifiait que quiconque s'opposerait à ses décisions, fussent-ils même de ses partisans, risquait de connaître le même sort. Certes, Sylla avait calmé toutes les velléités résistantes à sa dictature, mais en assassinant Ofella, son image de grand chef militaire passa à celle d'un tyran sanguinaire, et par la suite, tous ses opposants exploitèrent au maximum cette erreur de discours. ''Il était si terrible et si irascible à tous égards'', dit Appien. ''Sylla fut créé dictateur afin que la passion de la domination et de la cruauté fut armée et voilée par le respect d'un titre honorable et supérieur'', écrit Orose. ''Excès d'une cruauté inouïe'', ajoute Tite-Live. Il ''fut plus cruel que Cinna, que Marius et que tous ceux qui vinrent après lui'', juge Dion Cassius. On ne sait donc plus s'il faut juger le caractère irascible de Sylla ou les excès de vocabulaires des partisans de César et des historiens postérieur à sa dictature…

LE GOUVERNEMENT DE SYLLA

Après l'épisode Ofella, les élections donnèrent les premiers postes aux partisans de Sylla. Ainsi Marcus Tullius Decula et Gnaeus Cornelius Dolabella sont consuls. Nous ne savons rien sûr eux. Sans doute Dolabella est-il le père d'un des lieutenants de Sylla et a fait parti des sénateurs exilés en Orient, alors que Decula devait être un modéré, mais leurs rôles fut purement honorifique. Gnaeus Cornelius Dolabella fils est préteur urbain. Il s'agit d'un des meilleurs lieutenants de Sylla. Mamercus Aemilius Lepidus Livianus est préteur pérégrin. Il s'agit du second mari de sa fille Cornelia et du frère de Marcus Livius Drusus. Un autre préteur est son neveu, Sextus Nonius Sufenas, d'autres préteurs sont ses partisans comme Lucius Fufidius, le chef de sa garde prétorienne, Quintus Lutatius Catulus, ou Marcus Aemilius Lepidus. Gaius Papirius Carbo, le frère de l'ancien consul est aussi préteur, ainsi que Gaius Claudius Nero. Bref, Sylla avaient tous ses plus fidèles partisans pour faire appliquer les lois qu'il comptait inscrire sur les tablettes.

An de Rome 673 (- 81) Il restait encore quelques opérations de guerre à mener en Italie. Les villes de Norba, aux mains des populares, et de Nola, aux mains des Samnites, résistaient encore. Sylla envoya quatre légions raser le Samnium, avec à leur tête Gaius Cornelius Cethegus et Gaius Licinius Verres. Mais après toutes ces batailles, après avoir pris le pouvoir à Rome, Lucius Cornelius tenait beaucoup à une autre consécration: celle de son Triomphe.

LE TRIOMPHE DE SYLLA

L'Imperator Lucius Cornelius Sylla fêta son triomphe sur Mithridate sur deux jours, les 29 et 30 janvier. C'était le plus imposant Triomphe que la ville de Rome n'ait jamais connu. Le premier jour, le cortège, qui allait du Champ de Mars au Temple de Jupiter Capitolin, était composé de chars et de tableaux racontant son expédition asiatique: les sièges d'Athènes et du Pirée, le sort réservé aux villes fidèles à Rome, les victoires de Chéronée et d'Orchomène, les trophées ramenés d'Asie, la rencontre avec Mithridate, l'assassinat de Flaccus par Fimbria, le suicide de Fimbria, l'Asie retournant dans l'Empire romain, les alliés romains reconnaissants comme Nicomède de Bithynie et Ariobarzane de Cappadoce, et le défilé de tous les trésors de Mithridate, avec d'énormes quantités d'or et d'argent: 15 000 livres en or et 115 000 livres d'argent.

Un triomphe

Le deuxième jour, Sylla triompha sur un char tiré par quatre chevaux. ''Mais ce qui en fit le plus bel ornement et le spectacle le plus touchant, ce fut le grand nombre de bannis qui l'accompagnaient. Les premiers et les plus illustres personnages de Rome suivaient son char, couronnés de fleurs, et appelaient Sylla leur sauveur et leur père, à qui ils devaient leur retour dans leur patrie, et la satisfaction de revoir leurs enfants et leurs femmes'', rapporte Plutarque. Suivaient le trésor de Rome reprit à Marius, 14 000 livres or et 6 000 livres argent, et ses cinq légions victorieuses. Après la cérémonie, Sylla reçut de la part des sénateurs qui l'accompagnaient la couronne civique. Habituellement, la corona civica, composée de feuilles de chêne et de glands, est offerte à un soldat qui, dans une bataille, a sauvé la vie d'un camarade en tuant son ennemi. Ce jour-là, la couronne civique prit un autre sens. Sylla était acclamé par les sénateurs comme le sauveur et le père de la patrie. Pour le remercier d'avoir assuré le salut de la patrie toute entière en mettant fin aux guerres sociale et civile, d'avoir tués les adversaires de Rome et du Sénat, les sénateurs reconnaissants lui offrirent donc la couronne civique, ce qui leur semblait la distinction la plus appropriée.

SYLLA FELIX

A la fin de son Triomphe, Lucius Cornelius se rendit sur le Forum et convoqua une Assemblée du peuple. Là, il fit un long discours, rappelant tout ce qu'il avait accompli jusque là, mais en parlant plus de la Fortune qui l'avait toujours accompagnée que de ses exploits guerriers. Et il finit son discours en ordonnant qu'on lui donnât désormais le surnom de Felix, l'Heureux. Sylla frappait très fort les esprits romains en consacrant sa chance légendaire d'un surnom officiel. ''En entendant son nom, les Romains durent admettre qu'il était irrévocablement marqué du sceau de la divinité et qu'ils ne s'affranchiraient pas plus de sa volonté qu'il ne pouvait échapper lui-même à la sublimité de son destin'', note l'historien Jérôme Carcopino. Sylla associait ses exploits militaires et sa dictature à la volonté des dieux. Littéralement, Sylla faisait comprendre aux Romains qu'ils étaient dirigés par le favori des dieux et que Rome entrait dans une nouvelle ère de prospérité. Plus encore, comme le disait Salluste, Lucius Sylla Felix était plus avide de gloire qu'aucun autre romain avant lui et s'adjugeait un nouveau statut au-dessus de dictateur: demi-dieu.

La statue de Sylla

Et pour bien marquer sa prise de pouvoir à Rome, ''On lui décerna une statue équestre en or, qui fut placée en face des rostres. On appliqua à cette statue cette inscription: ''Cornelius Sylla, l'heureux général''. C'était le surnom que ses flatteurs lui avaient donné, par allusion à ses succès contre ses ennemis; et l'adulation le perpétua'', rapporte Appien.

En effet, depuis la Guerre Sociale ou peut-être même avant, ses partisans lui donnaient le surnom de felix. A Rome, ce mot sert à désigner un homme qui bénéficie du patronage des dieux. Felix est dérivé du mot felicitas, qui signifie ''bonheur intérieur que ressent un homme lorsqu'il est le favori des dieux''. Felix est un concept typiquement romain qui n'a pas d'équivalent en grec. Ainsi, lorsque Sylla écrivait des lettres en grec, il traduisait son nouveau surnom par Epaphroditus, ce qui signifiait ''favori d'Aphrodite''. Aphrodite est connue en Grèce pour être la mère d'Enée, le fondateur de Rome.

POMPEE ENTRE DANS LA FAMILLE

En ce début d'année, le jeune Magnus Pompée retenait l'attention du dictateur. ''Admirant son mérite et croyant trouver en lui un instrument des plus utiles, il cherchait à le faire entrer, n'importe comment, dans sa famille'', rapporte Plutarque. Sylla lui proposa en mariage la fille de Metella, Aemilia Scaura, pourtant mariée à Manius Acilius Glabrio, fils de l'ancien consul Quintus Mucius Scaevola, le pontifex maximus qui a été poignardé par Fimbria pendant les funérailles de Marius. Nous ne savons rien des relations entre Sylla et Glabrio. Sans doute étaient-elles bonnes et le mariage avec Aemilia semblait assez récent. Qu'à donc bien pu faire Glabrio pour que Sylla le chasse de sa famille? On ne peut qu'imaginer. Ou bien Glabrio n'a rien fait de particulier, mais comme Aemilia était la seule femme de la famille à qui Sylla pouvait marier Pompée, et qu'il voulait vraiment faire entrer Pompée dans sa famille, Glabrio a été sacrifié sur l'autel de la raison d'Etat. Où alors, tout simplement, Pompée, qui était très souvent avec Sylla, avait remarqué Aemilia Scaura et avait avoué au dictateur avoir un faible pour elle et Lucius Cornelius, sautant sur l'occasion, avait immédiatement proposé sa belle-fille en mariage, bien qu'Aemilia fut enceinte et Pompée toujours marié à Antistia. Pour Pompée, cette faveur que lui accordait Sylla dépassait sans doute ses plus hautes espérances puisqu'il entrait officiellement dans la famille la plus prestigieuse de Rome. Il se dépêcha donc de divorcer d'Antistia. A cette nouvelle, la mère d'Antista déjà durement éprouvé par l'exécution de son père en plein Sénat ordonné par Marius le Jeune, se suicida. Peu importa les réactions de l'entourage de Pompée et de Sylla, ce mariage eut bien lieu. Magnus Pompée entrait donc officiellement dans la famille de Lucius Cornelius Sylla.

...suite